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Des angus pour un élevage plus vert

Depuis 2017, des angus ont rejoint l'exploitation de Damien Samedi et Rachel Wells. La conversion du troupeau va de pair avec le développement de la vente directe et le passage de l'exploitation en agriculture bio.

© AA

Au Gaec du pré neuf, depuis 3 ans, les blondes d'Aquitaine laissent place aux aberdeen angus. Ce changement de race est la suite logique d'une longue réflexion menée au sein de l'exploitation de Meigné-le-Vicomte. Après avoir été associé à son père, en 2008, Damien Samedi continue en individuel avec un salarié à mi-temps. à l'époque, il élève 90 mères en blondes d'Aquitaine dans un système naisseur engraisseur. Suite au départ de son ouvrier,  l'éleveur réduit alors la taille de son troupeau. En 2012, l'élevage compte 60 vêlages/an. En parallèle, Damien Samedi passe du TCS (technique culturale simplifiée) au semis direct. « J'ai toujours été passionné par l'agriculture de conservation et la vie du sol. » Avec 136 hectares, l'élevage est en autonomie alimentaire et une partie des cultures sont vendues. Mais la baisse des cours des céréales et de la viande montre les limites de son système...

Un nouveau virage
En 2016, l'agriculteur prend un nouveau virage. Et l'idée de convertir l'exploitation en agriculture bio germe.  « Avec l'agriculture de conservation, je voyais la faune et la flore se développer. Mais, quand j'avais besoin de faire un traitement insecticide, je détruisais une partie de ce que j'avais gagné avec le semis direct... »
Il envisage sa conversion bio basée sur le pâturage en réflexion avec Seenovia. Et décide de se lancer dans la commercialisation de sa viande. « Mais les blondes d'Aquitaine ne me semblaient pas adaptées pour le bio. » Après de mauvaises expériences, il était réticent à les mettre au pâturage. De nature craintive, elles avaient tendance à "s'affoler" au pré... « Et elles ont besoin de céréales pour être engraissées... » En plus, la viande de blonde n'est pas assez bien valorisée sur le marché bio par rapport à son coût de production. Ces raisons ont poussé sa femme, Rachel Wells et lui à se tourner vers une nouvelle race.
« Anglaise, Rachel m'avait toujours parlé d'angus et de la qualité de sa viande. J'ai été convaincu après en avoir goûté au restaurant. »

Race prestigieuse
Prestigieuse, la race angus est très répandue en Grande-Bretagne. « Elle est connue pour les qualités gustatives de sa viande », précise la jeune femme qui a rejoint l'exploitation depuis mai 2020, au début de la conversion bio de l'exploitation. Son caractère ? « docile et rustique. Elle peut passer l'année dehors. » Autre atout, sa précocité au premier vêlage. « Elle peut faire un veau à 24 mois. Contre 30 mois pour une blonde d'Aquitaine », précise Damien Samedi. Et s'engraisse très facilement à l'herbe. Des visites d'élevage dans le Sud de l'Angleterre ont conforté leur décision. Les éleveurs ont été séduits par cette race réputée pour la finesse et le goût persillé de sa viande. En 2017, 23 génisses et un taureau venus de ces mêmes élevages ont rejoint l'exploitation de Meigné-le-Vicomte. L'investissement s'élève à plus de 45 000 euros.
Au-delà de la race, c'est aussi tout le système de l'exploitation qui a été revu avec la conversion bio. « Avant, les vaches ne sortaient jamais du bâtiment. Aujourd'hui, elles sont dehors dès que possible. » Tout l'assolement a été modifié. L'objectif est d'avoir 90 hectares d'herbe : 45 en pâture, 45 en fauche. « On doit produire des fourrages de qualité pour engraisser les vaches et les boeufs. » Le couple s'est formé au pâturage tournant avec Seenovia. « Le but étant d'aller vers du pâturage tournant dynamique. On a encore beaucoup de choses à apprendre. Identifier les espèces prairiales adaptées en fonction du type de sol », détaille l'agriculteur.
« Une prairie, c'est comme une culture à part entière », complète sa femme.  Déjà,  40 hectares de prairies ont été clôturés pour le pâturage autour du bâtiment. « La prochaine étape est de s'occuper d'un autre îlot juste de l'autre côté de la route », précise l'éleveur, ravi de cette nouvelle manière de travailler. « Certes, il y a un investissement au départ pour l'implantation des prairies, les clôtures, les abreuvoirs... Mais ce sera rapidement rentabilisé par la baisse des charges de mécanisation. »
Le couple d'agriculteurs souhaite atteindre 60 vêlages/an. « Tous les mâles sont castrés à la naissance pour être vendus en boeuf à 30 mois. » Les femelles sont gardées pour le renouvellement du troupeau.

Trouver des débouchés
Côté commercialisation, tout est à construire. « Nous vendons toutes nos viandes en vente directe. » Aujourd'hui, toutes les blondes de l'exploitation sont écoulées à un Leclerc local.
« Cette année, on est sur un prix moyen de 5,10 euros/kilo carcasse », précise Damien Samedi. Rachel Wells, elle, cherche en permanence de nouveaux débouchés pour la viande angus. Facebook, site internet, phoning... L'agricultrice  met tous les moyens en oeuvre pour faire connaître leur élevage. Installé entre Saumur, Tours et Angers, le couple livre quelques restaurants sur les 3 agglomérations. Il espérait développer ce marché. « Mais le Covid a mis un gros coup de frein. Avec les mesures de confinement, les restaurateurs ont la tête dans l'eau... » Aujourd'hui, 90 % de leur viande est écoulée auprès des particuliers. 10 % auprès des restaurateurs. « Au départ, on tablait plutôt sur le ratio inverse... »
A cause de sa petite carcasse de 350 kg, les bouchers, eux, se montrent encore réticents à se tourner vers cette race. « Sur une carcasse de blonde, le boucher valorise 70 % de viande. Contre 60 % sur une carcasse d'angus », note l'éleveur.
Les agriculteurs ont aussi commencé à faire des marchés.
« La viande d'angus est réputée dans les grandes villes mais elle est peu connue à la campagne », remarque Rachel Wells. Le couple espère pouvoir vendre la viande d'angus 5 euros de plus que celle de blondes d'Aquitaine. Il fait preuve de pédagogie pour expliquer leurs pratiques et le prix plus élevé qu'en race blonde d'Aquitaine.  « On a basé notre prix en fonction du coût de production et du temps passé. On a fait une étude de marché, on a regardé les prix pratiqués par les autres éleveurs... », explique l'éleveuse.
2 vaches et 1 boeuf ont déjà été commercialisés. « Les premiers retours de nos clients sont très positifs », souligne la jeune agricultrice.

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