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Économie
Les résultats 2006 en légère hausse dans la majorité des productions

Les épisodes climatiques et les marchés ont pesé sur les résultats 2006 des exploitations agricoles. Mais la tendance est à la hausse.

Les revenus 2006, toutes productions et toutes régions françaises confondues, devraient enregistrer une hausse moyenne de 16 %, annonce le Scees (voir AA 13/7/7). Mais des situations très différentes se cachent derrière ces chiffres généraux, en particulier en Maine-et-Loire, département aux multiples productions. L’année 2006 a également été marquée par une deuxième année de sécheresse qui a pénalisé un certain nombre de régions, ce qui implique, de facto, de grandes disparités dans les revenus. À ce stade, donner des chiffres serait prématuré, mais on peut déjà augurer les grandes tendances. Revue de détail.

Lait : les revenus 2006 des laitiers devraient être « un peu à la hausse », mais « les résultats seront très
hétérogènes », notamment pour les raisons climatologiques évoquées ci-dessus. Cette hausse s’explique « pas tant en raison du prix du litre, mais grâce à une meilleure valorisation des vaches de réforme et des veaux en 2006 », souligne Jean-Paul Piet, président de l’Afga. « En 2006 cependant l’ADL est intégrée aux DPU, ce qui modifie l’analyse : cette compensation directe apparaît sous une autre forme », indique pour sa part Francis Houlet, directeur adjoint de l’Afga. Autre événement en 2006 qui a pu jouer sur les revenus de certaines exploitations : le démarrage des travaux de mise aux normes. En 2005, le revenu laitier était de 14 000 €.

Viande bovine : les résultats 2006 seront en hausse (revenu 2005 : 15 600 €), et de façon assez marquée eu égard aux années précédentes. Les cours de la viande se sont très bien tenus jusqu’à la fin de 2006, environ + 5 % en gros bovins par exemple. Les coûts de mise aux normes sont moins élevés qu’en élevage laitier. « La spécialisation des élevages peut aussi générer des économies d’échelle », estime l’Afga. Mais des ombres se profilent pour 2007, suite à la chute des cours sur le JB (voir AA 22/06/07).

Porc :
« Le redressement des cours en 2006 a été salutaire pour bien des élevages qui sortaient d’une longue crise », analyse Jean-Paul Piet. Mais la production porcine risque bien de connaître, pour l’année en cours, le même scénario que la viande bovine. L’augmentation du coût des matières premières va faire s’envoler les coûts de production. « Il faudra que cette hausse soit répercutée sur le prix payé aux producteurs ». Revenu 2005 : 29 000 €.

Aviculture : les revenus de l’année 2006 sont encore sous le coup de la grippe aviaire qui a vu la durée des vides sanitaires augmenter et les contrats s’espacer. Les prix à la production n’ont pas été revalorisés. Pour les producteurs de dindes par exemple, cela représente une baisse de la marge brute de 15,50 %, indique un communiqué de la FRSEA. Quant au coût de l’énergie, « les aviculteurs n’ont pas bénéficié des mesures fiscales ». Les nouveaux cas de grippe aviaire, dans l’Est, font craindre une nouvelle chute de la consommation. « Dans ces conditions, il est très difficile
d’envisager des investissements », commente l’Afga. Revenu 2005 : 13 800 €.


Production cunicole : voir page 5. Revenu 2005 : 12 930 €.

Veaux de boucherie : les éleveurs ont, à plusieurs reprises, tiré la sonnette d’alarme (cf. AA 22/06/07). Depuis mai 2006, le prix ne fait que baisser, en raison notamment d’une relance de la production mise en place par les entreprises, tandis que les charges augmentent. Autant d’éléments qui pèsent sur le revenu 2006.

Production ovine : L’année 2006 s’est relativement bien maintenue par rapport à 2005. Mais, depuis, les cours sont en chute libre avec des prix inférieurs au prix de revient, mais sans répercussion à l’étal.

Grandes cultures : les mauvais chiffres et la mauvaise récolte de 2005 sont oubliés. Même si le Maine-et-Loire n’est pas une grande région céréalière, les meilleurs rendements et les meilleurs prix de la campagne 2006 auront un impact positif sur les revenus des céréaliers, pour autant qu’ils n’aient pas fait les frais d’une spéculation hasardeuse. Revenu 2005 : 6 300 €.

Arboriculture : Les meilleurs cours, dès le début de campagne, devraient donner de meilleurs résultats qu’en 2005. Mais la récurrence de mauvaises années en arboriculture, les arrachages, les restructurations d’entreprise, etc ont eu des impacts sur l’ensemble de la filière. Revenu 2005 : 9 100 €.

Viticulture : La situation semble stationnaire, voire en léger mieux notamment grâce au marché des rosés qui se maintient. Le créneau de la vente directe permet toujours une meilleure valorisation et favorise la stabilité.

Maraîchage : « Les résultats sont très variables selon les productions », commente André Mabileau,
vice-président de Fleuron d’Anjou. La saison a démarré tardivement en petits fruits qui se sont trouvés en concurrence avec les autres régions. Il n’y a pas de grosse progression à attendre et les revenus seront plutôt stables. En légumes, la saison 2006 a démarré sur des bases un peu plus saines mais les produits d’hiver ont souffert davantage. Globalement, les situations restent fragiles et l’évolution sera modeste. Revenu 2005 : 16 500 €.

Horticulture : pas d’éléments disponibles à ce stade.

Interview de Jean-Paul Piet*

« De plus en plus d’instabilité dans les revenus »

Quels commentaires vous
inspirent les résultats ?

Jean-Paul Piet : D’abord un commentaire général : les agriculteurs sont des chefs d’entreprise, souvent employeurs de main-d’œuvre. Il faut reconnaître que leurs revenus, même en hausse, sont faibles compte tenu des engagements financiers, des risques et des responsabilités. Sur le plan de l’analyse, force est de constater que la fluctuation des marchés dans toutes les productions génère de plus en plus d’instabilité des revenus. Il y a moins de marge de manœuvre. Plus que jamais, les producteurs sont soumis à la loi du climat, mais aussi celle du marché. 

Quel conseil pourriez-vous
suggérer aux agriculteurs ?

Face à cette instabilité, le danger serait de changer de production en fonction des cours. Il faut se garder de ce réflexe et plutôt maintenir le cap en ne raisonnant pas le revenu d’une production sur une seule année, mais bien sur la durée.


Et du point de vue gestion ?
Là aussi, pas de décision hâtive. Il convient de bien mesurer l’impact des investissements. Il faut aussi bien gérer les meilleures années pour se prémunir des années de vaches maigres et se réserver un volant de trésorerie suffisant. On sait que l’année 2007 devrait être meilleure pour la production laitière par exemple, mais en contre partie, les cours de l’aliment vont peser dans la balance.

Face à cette instabilité croissante des marchés, ne faut-il pas pousser vers la contractualisation ?
La contractualisation, en particulier avec nos entreprises coopératives, me paraît tout à fait indiquée en la circonstance. La contractualisation permet d’écrêter en période plus faste et de soutenir au moment des crises. Ce doit être un accord gagnant-gagnant. Le producteur doit s’en sortir mieux, dans la durée, que celui qui spécule avec le marché. Pour l’entreprise, la contractualisation, c’est l’assurance de l’approvisionnement de ses filières de transformation, de ses emplois et de ses marchés. Attention toutefois à ne pas laisser la distribution s’accaparer ce bénéfice.

Le contexte est favorable à une meilleure rémunération des
agriculteurs ?

Je pense que la grande distribution ne pourra pas se dédouaner d’une revalorisation des prix payés aux producteurs. Revalorisation que la GMS devra consentir sans faire valser les étiquettes à la consommation, mais en prenant sur ses marges. Elle a suffisamment accumulé de profits ces dernières années. D’ailleurs, certaines enseignes commencent à s’inquiéter de leur approvisionnement. Cela plaide en faveur d’une revalorisation des produits agricoles. Mais attention. Si on manque de produits, leur
tentation sera grande d’aller s’approvisionner ailleurs. Prenons garde à ne pas laisser s’installer des filières d’importation.       

M. l.-r.

* Président de l’Afga et producteur de lait.

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