La Grande Boucle des fermes
        
      
      
            Futurs ingénieurs agronomes, Léo Bouvet, Romane Guillot et Sixtine Mazin ont décidé de s’échapper en retraçant les trajets de nos aliments.
      
Si la jeunesse est une fraction de folie, ce sont les voyages qui la forment. Ces deux adages peuvent résumer l’idée, un peu folle, de trois jeunes étudiants de l’école d’agronomie Montpellier Supagro. Ainsi, Léo Bouvet, Romane Guillot et Sixtine Mazin ont décidé de mettre à profit leur année sabbatique pour parcourir la France à vélo, afin de découvrir l’agriculture, par eux-mêmes, lestés du filtre théorique des écoles d’ingénieurs.
Découvrir le trajet des aliments
Parmi les trois comparses, aucun n’est issu du milieu agricole. Ainsi, partir à la rencontre des agriculteurs, pour ces futurs ingénieurs agronomes, apparaissait essentiel. « Avant de partir, j’avais plein de préjugés sur l’agriculture. Ce voyage m’a ouvert l’esprit », confie Sixtine Mazin. Spécificité du projet, les étudiants ont souhaité rencontrer tous types d’élevages. 
« L’identité de notre projet, c’est de donner la parole à tous, de réaliser une photographie de l’agriculture et du système alimentaire, le plus objectivement possible », témoigne Romane Guillot. En effet, cette expérience, si elle est d’abord personnelle, a également pour vocation d’être participative. Au travers de leur page Facebook et de leur chaine Youtube, intitulées “Sur la route de nos assiettes”, les jeunes cyclistes partagent vidéos, photos et anecdotes. « On souhaite procéder par filière, avec à chaque fois des acteurs en amont et en aval », détaille Romane Guillot. Au total, 10 filières ont été identifiées. à chaque fois, le trajet de l’aliment est retracé, dans un but de « vulgarisation ». Pour le moment, 2 000 km ont été parcourus (certains en train, ont confessé les étudiants), et une quarantaine d’acteurs rencontrés. Si le confinement a modifié les plans initiaux, la motivation reste inchangée.
Halte en terres ligériennes
Les trois étudiants, originaires de  Bordeaux et du Sud-Est de la France, ont pu découvrir le Maine-et-Loire,  et apprécier « la beauté et la diversité de ses paysages, et le plaisir  de parcourir ses routes à vélo ». Ils se sont rendus chez Nathalie  Maussion, éleveuse de chèvres à Loiré, et ont été hebergés chez les  parents de cette dernière. Patricia Maussion a ainsi pu faire part de  son engagement en tant qu’agricultrice dans la vie politique, marquant  les étudiants. Ces derniers, se déplaçant avec leurs tentes et matériel à  vélo, se sont également rendus chez Pom’Anjou, et au Gaec LG Bio. Au  travers de leurs rencontres, ils ont pu remarquer « la passion qui anime  chaque agriculteur. On vit pendant un temps avec eux, et on dépasse nos  idéologies. On se rend compte qu’ils font tous au mieux, en cohérence  avec leurs choix de vie », témoigne Sixtine Mazin, la bordelaise du  groupe.
La transition est en route
Ainsi, chaque rencontre est une remise  en question, et un apprentissage constant. « Nous sommes beaucoup plus  mature sur l’agriculture française et sa qualité, qu’il est important de  défendre », remarque Romane Guillot. « On  s’est rendu compte que la  transition est en train de s’opérer dans les  campagnes, que les  agriculteurs travaillent dur pour modifier leur  système, mais que cela  demande du temps », poursuit son  amie. Les étudiants ont été  particulièrement frappés par l’impact que  l’agribashing pouvait avoir  sur les paysans.  C’est toute la légitimité  de leur projet, basé sur la  vulgarisation de ce qu’est l’agriculture,  qui est renforcée au fil de  leur aventure. En ce moment, les étudiants  ne peuvent reprendre la  route. Ils en profitent donc pour monter des  vidéos et alimenter les  réseaux sociaux. « On souhaite  organiser des projections débats, et  pourquoi pas aller dans des lycées  l’année prochaine pour expliquer ce  que l’on a vécu, vu et compris »,  prévoit Sixtine Mazin. Le projet  de vulgarisation de “Sur la route de  nos assiettes” se veut  volontairement accessible à un néophyte, pour  toucher des cercles de non  initiés au monde agricole. Ainsi, l’aventure  n’est pas finie, et  l’association n’est pas prête de tomber dans  l’oubli. Les étudiants  comptent réaliser des web-séries par filière sur  Youtube, et pourquoi  pas transmettre cette association, afin de  poursuivre la démarche  entamée, et faire découvrir de nouvelles  régions, de nouvelles  agricultures grâce à d’autres étudiants.