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Union européenne
L’agriculture et l’Europe, un destin commun

La soirée-débat consacrée à la signature du traité de Rome a rappelé la place de l’agriculture dans la politique européenne.

La semaine dernière à Angers, une table ronde a réuni Jean-Marc Lézé, vice-président de la FDSEA, Hervé de Charette, ancien ministre des Affaires étrangères, Christiane Lambert, présidente de la FDSEA et Henri Nallet, ancien ministre de l’Agriculture. 
La semaine dernière à Angers, une table ronde a réuni Jean-Marc Lézé, vice-président de la FDSEA, Hervé de Charette, ancien ministre des Affaires étrangères, Christiane Lambert, présidente de la FDSEA et Henri Nallet, ancien ministre de l’Agriculture. 
© AA
« Encore aujourd’hui, l’article 39 du Traité de Rome contient l’essentiel de ce que nous attendons d’une Politique agricole commune. » Cinquante ans après la signature du texte fondateur de la construction européenne, Christiane Lambert, présidente de la FDSEA, soulignait l’importance d’un soutien européen sans faille à l’agriculture. Avec le recul, sans doute est-on en mesure d’évaluer ce que ce texte avait de clairvoyance. Il répondait alors aux besoins d’une Europe exsangue par cinq années de guerre, en ruine et en proie aux restrictions alimentaires. Pourtant, à l’époque, « le Traité de Rome, les agriculteurs y étaient très réticents. Ils craignaient cette construction européenne qui les mettaient en concurrence avec leurs voisins plus performants : les vaches hollandaises donnaient 6 000 litres, les vaches françaises, 2 400. C’est grâce à l’appui de responsables comme Eugène Forget que la profession agricole a accepté de s’y engager. Il y a eu un lien très important entre ceux qui construisaient l’Europe et ces
agriculteurs moderniste
s ».
Grand bien leur en a pris, car cette orientation a permis la mise en place de la Politique agricole commune, la seule politique agricole intégrée et qui justifie, de ce fait, sa budgétisation tant décriée aujourd’hui. En rappelant en quelques mots les débuts de la construction européenne, Henri Nallet, qui fut ministre de l’agricultrice de 1985 à 1986 et ensuite de 1988 à 1992, soulignait, lors de la soirée débat organisée par la FDSEA, le 22 mars dernier, le lien étroit, historique et, à ses yeux, indéfectible, entre l’Union européenne et l’agriculture. Certes, la Politique agricole commune a fait l’objet d’aménagements qui ont permis, au fil des ans, de l’adapter aux nouveaux contextes : en 1984, les quotas laitiers auxquels aujourd’hui les agriculteurs sont attachés et pour le maintien desquels plaide l’ancien ministre de l’Agriculture ; suivirent des restrictions budgétaires pour réguler la production ; en 1992, la réforme décidée suite aux accords du Gatt et l’ouverture des marchés fit couler beaucoup d’encre.

Pour une Pac ambitieuse
Mais les temps ont changé. L’agriculture, qui était hier indissociable de la politique européenne, est aujourd’hui considérée comme un accessoire, une monnaie d’échange, quand elle n’est pas villipendée. Ses pratiques sont montrées du doigt. Et ses hommes méconnus pour ce qu’il apportent à la société. « L’épuisement de la Pac, qui correspond à la fin d’un projet politique pour l’Europe, et la crise de la constitution européenne, qu’a traduit le rejet du référendum européen, ont partie liée », estime Henri Nallet. Pourtant, « les Français ne sont pas souverainistes. Avec le “non”, ils ont dit qu’ils ne voulaient pas d’une Europe qui a trop ouvert ses frontières, qui est trop bureaucratique et sans vision politique », commente Hervé de Charette. L’ancien ministre des Affaires étrangères plaide lui aussi pour une Europe forte, avec un « leadersphip pluriel » dans lequel la France tient, bien sûr, une place de référence. D’ailleurs, ajoute-t-il, « l’Europe a tellement bien réussi que tout le monde veut en être ».
Alors, la Politique agricole commune serait-elle un des symptômes de cette Europe en panne de projet ? Pour ce qui est de l’agriculture, les temps sont propices à l’élaboration d’une Politique agricole commune ambitieuse, estiment les deux commis de l’État. « La Pac vaut mieux qu’un bilan de santé, affirme l’ancien ministre de l’Agriculture. Notamment parce que la conjoncture est favorable et qu’elle devrait le rester pour plusieurs années encore ». Et ensuite, parce qu’Henri Nallet reste attaché au rôle économique et social de l’agriculture. Rejoignant Edgard Pisani, qui prône de définir le « quoi », avant le « comment », l’ancien ministre de l’Agriculture pose les enjeux : aura-t-on encore besoin de l’agriculture européenne ? Si oui – et c’est bien ce qu’il pense -, il faudra la protéger, la doter d’outils de gestion des marchés, car elle ne peut obéir aux seules lois du marché. Cette politique européenne devra aussi assurer un revenu aux agriculteurs et tenir compte des différences entre les agricultures européennes. Sur un plan international, l’OMC devra intégrer des critères environnementaux, sociaux, en plus des seules considérations économiques. L’organisation de cette agriculture doit privilégier le maintien d’un nombre suffisant d’agriculteurs sur le territoire et répondre aux nouvelles attentes de la société. Pour cela, « la Commission européenne doit dresser l’analyse de ces cinquante dernières années, en mesurer les résultats et les effets, évaluer les besoins et mettre sur la place un débat public afin de faire prendre conscience que l’agriculture va devoir nourrir l’humanité ». Face au silence des hommes politiques, c’est donc aux organisations professionnelles de tenir ce discours aux citoyens, aux consommateurs et aux élus. À l’instar de ceux qui ont bâti l’Europe à la fin des années cinquante, la balle est, cette fois encore, dans le camp des agriculteurs.
M.L.-R.

FNSEA-Jeunes agriculteurs

Un manifeste pour l’Europe

À l’OCCASION du 50e anniversaire du traité de Rome, la fnsea et ja signent un manifeste commun où ils  rappelent que les objectifs du traité sont toujours d’actualité et soulignent notamment l’importance du secteur agricole en termes d’emploi :  « L’agriculture européenne a permis le développement significatif des emplois de l’amont à l’aval des produits qu’elle élabore. Conformément aux objectifs de la stratégie de Lisbonne, nous demandons à ce que tout projet de réforme de la Politique agricole commune analyse l’impact sur l’emploi », déclarent les deux syndicats agricoles. 
Faisant le lien entre l’agriculture et l’Europe, Jean-Michel Lemétayer et Philippe Meurs affirment attendre « du (de la) futur(e) président(e) de la République une initiative forte réaffirmant les grands
enjeux pour l’agriculture européenne et les voies et moyens pour y répondre ». Les deux syndicalistes
de conclure : « L’agriculture et l’Europe ont un destin commun à réaliser dans le respect des personnes, de leur métier, des produits et des territoires. »

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