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Comment vivre du métier de paysan

« En Afrique comme en Europe : comment vivre du métier de paysan ? ». La question était posée par l'Afdi jeudi 3 décembre. Pour y répondre : deux professionnels burkinabés, Marcel Briffaud, Joël Limouzin et Luc Guyau.

Nourrir la population à pas cher et être très vulnérables, ou défendre l'agriculture locale ? Question-clef.
Nourrir la population à pas cher et être très vulnérables, ou défendre l'agriculture locale ? Question-clef.
© AA

Paysans africains et Ligériens ont un combat commun, celui de la défense de leur métier. Jeudi 3 décembre, au Lycée nature de la Roche-sur-Yon, Afdi invitait au débat en regard croisé, avec Marc Gansoré, président de l'Union nationale des producteurs de fruits et légumes et secrétaire général de la fédération des producteurs agricoles du Burkina, Ousseini Ouedraogo, technicien du Réseau des organisations paysannes et de producteurs agricoles de l'Afrique de l'Ouest (Roppa), Marcel Briffaud, président de l'Afdi Pays de la Loire, Joël Limouzin, et Luc Guyau récemment élu à la tête de la FAO. Près de 200 personnes ont assisté au débat.

Marc Gansoré et Ousseini Ouédraogo : Nos enjeux agricoles sont de taille : faire face à l'accroissement de la population, aider les agriculteurs à innover, contrer l'engouement pour les denrées importées au prix ultra compétitif, et enfin faut-il nourrir notre population à moins cher et être très vulnérables ?
Il y a quelques années, les techniciens de la Banque mondiale nous disaient : « Chez vous, le riz ce n'est pas rentable. Faites de l'élevage de crocodiles si ça rapporte. Le riz, importez-le ». Une organisation régionale pourrait permettre de mieux défendre notre agriculture et d'assurer la sécurité alimentaire. Mais en Afrique de l'Ouest, les disparités sont importantes entre pays (population, richesse, systèmes de production et de protection…). Le Nigeria représente 51 % du PIB régional. C'est le moteur local. Si ce pays ne joue pas le jeu de l'intégration, alors il sera difficile d'avancer pour contrer les importations et favoriser les échanges intra-communautaires.
Dans l'après-guerre, vous avez bénéficié d'une protection communautaire, il faut que nous y parvenions pour faciliter l'accès de nos produits aux populations de nos pays. Il y a des enfants burkinabés qui ne connaissent pas le goût du poulet local mais connaissent celui du poulet argentin. Et bien sûr ce n'est pas l'agriculteur argentin qui y gagne.

Joël Limouzin : En Europe, nous ne sommes pas en situation de manque alimentaire, nos combats sont ceux des conflits commerciaux, du retour de la valeur ajoutée et de la considération de notre travail. D'un côté une Europe libérale, de l'autre (dont la France) une Europe qui réclame un peu de moralisation dans le commerce et l'agriculture au cœur des enjeux. Sans régulation tout le monde perd ses repères. Reste à savoir comment définir des règles en respectant les populations et les économies locales.

Marcel Briffaud : Au Burkina, j'ai souvent entendu des paysans dire : « Je ne souhaite pas à mes enfants de devenir
paysan ». Il faut aider les producteurs burkinabés à restaurer l'image de leur métier. Et cela passe par l'amélioration de leurs revenus. Toutes les agricultures sont au cœur du développement mondial et on a besoin de toutes ces agricultures différentes. J'aimerais que chacun de nous se rappelle que tous les matins, quand il prend son petit-déjeuner, devant son café, son thé… il consomme des produits venus d'ailleurs.

Luc Guyau : Qu'est-ce que les institutions internationales peuvent faire pour réduire les écarts entre Nord et Sud et permettre une meilleure sécurité alimentaire ? En terme de résultats dans cette lutte contre la faim, il n'y pas de grand soir, mais que des petites améliorations. Et ça commence par redonner la gouvernance aux paysans sur le terrain.
Quel que soit le pays, quelle que soit la latitude, quand on laisse faire le marché, et que la crise s'installe, les exploitations agricoles disparaissent et quand la croissance repart, elles ne reviennent pas. Il faut permettre que chaque paysan puisse nourrir la population de son pays.
Et les invités burkinabés de conclure par une interpellation du nouveau patron de la FAO : « Un paysan à la tête de la FAO, c’est une chance et aussi un défi. Des portes peuvent s'ouvrir, d'autres se fermeront. Car sur le terrain, la FAO est plus synonyme de principes que d'accompagne-ment. C'est un défi Monsieur le Président. Un défi ».

Cati Baty

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