CAPL
De l'intérêt agronomique et économique des rotations longues
La CAPL a calculé la valeur ajoutée des filières "Perles d'Anjou" à l'échelle de la rotation. Les rotations longues et diversifiées sont avantageuses à tous points de vue.



"Il y a de la valeur ajoutée à récupérer dans vos exploitations grâce aux rotations proposées par la CAPL", expliqué Amaury de Gavelle, directeur adjoint du service céréales à l'UAPL, lors d'une journée Destination Perles d'Anjou, début juin à Longué-Jumelles. La CAPL a comparé les rotations standard avec les rotations "Perles d'Anjou", en examinant différentes variables : le prix du marché, des rendements, qui dépendent des conditions météo, et les charges, qui peuvent fluctuer en fonction des aléas géopolitiques notamment. La CAPL examine les rotations également en fonction du retour sur investissement (chiffre d'affaires /charges opérationnelles) et l'IFT, Indice de fréquence de traitement. Chaque rotation est déclinée en deux catégories : sur des sols à faible potentiel et sur des sols à fort potentiel.
Ajout d'intercultures et de cultures à valeur ajoutée
La rotation "Perles d'Anjou", c'est quoi ? "Il s'agit d'une rotation allongée, où l'on ajoute des légumineuses, des couverts, des cultures plutôt rustiques à cycle court dans les terres à faible potentiel et des cultures qui sont peu ou moins sensibles aux aléas climatiques du printemps", explique Amaury de Gavelle. Lorsqu'il y a du maïs dans la rotation standard, dans la rotation "Perles d'Anjou", on aura du sarrasin, du millet, du quinoa... Les rotations sont allongées pour éviter le "blé sur blé" ou "maïs sur maïs". "On a même la possibilité de ne pas mettre de blé durant deux ans afin de casser le cycle des graminées", indique-t-il. Y sont ajoutées des cultures à valeur ajoutée, à prime, comme du blé CRC ou du blé améliorant. Grâce à cette diversification, on peut faire baisser le pourcentage de maïs de 30 % à 14 % dans les exploitations à fort potentiel.
Amortisseur en cas de marché bas
La rotation "Perles d'Anjou" est favorable par rapport à une rotation standard dans toutes les situations. En cas de prix de marché bas, comme c'est le cas aujourd'hui, il y a 15 % de marge en plus dans la rotation "Perles d'Anjou" en cas de petit potentiel, et 24 % en cas de fort potentiel. Il y a de la valeur ajoutée aussi en cas de prix de marché élevé, mais le gain est moins important (+ 3,5 % en petit potentiel, + 12 % en fort potentiel). "L'intérêt de la rotation proposée, c'est d'être un amortisseur en cas de marchés bas, car elle inclut des cultures dont le prix est déjà connu avant les semis et stable dans le temps, explique Amaury de Gavelle. On ne risque pas de voir le prix de la lentille divisé par deux en l'espace de 6 mois par exemple, comme c'est le cas du blé. De plus, le blé améliorant, avec sa prime filière, va créer de la valeur dans la rotation".
Moins sensible aux crises énergétiques
La rotation allongée et diversifiée limite la sensibilité face aux risques de crises énergétiques. Dans une situation où le prix de l'azote est multiplié par 2 et où le prix des céréales est élevé (comme en 2022), il y a de la valeur ajoutée dégagée dans toutes les situations : +5,3% en potentiel faible et +15% en potentiel élevé. "Les rotations que l'on propose intègrent plus de légumineuses, plus de couverts et donc aident à améliorer le taux de matière organique des sols, incorporent de l'azote et rendent les rotations moins dépendantes à l'azote de synthèse, indique-t-il. Un certain nombre de cultures incluses dans la rotation sont moins demandeuses en intrants. Ce résultat est toutefois un peu modéré par l'introduction de blés améliorants, fortement demandeurs en azote".
Résilience vis-à-vis des problématiques climatiques
Le facteur conditions météo a été pris en compte également : "que ce soit en années à petits ou gros rendements, dans toutes les situations, on a une valeur ajoutée supérieure à une rotation standard. C'est le cas lorsque les conditions sont bonnes, ce qui veut dire que les cultures "Perles d'Anjou" s'expriment bien dans des bonnes années, et dans les années moins favorables, permettent d'apporter de la valeur..." La marge est supérieure de 8,6 % à une rotation standard en cas de petits rendements dans les sols à petit potentiel, et de 15 % dans les sols à fort potentiel.
Moins d'investissement pour plus de marge
Du point de vue du retour sur investissement, comment se comporte la rotation "Perles d'Anjou" ? "Dans des sols à faible potentiel, on est à +32 % de chiffre d'affaires réalisé par rapport aux charges que dans le cas d'une rotation standard et +21 % dans les exploitations à fort potentiel", souligne Amaury de Gavelle. La CAPL met en avant le fait que les filières "Perles d'Anjou" sont "économes en intrants, entraînant moins de charges à l'hectare". La CAPL conseille d'investir dans des cultures en fonction du potentiel des terres : plus cher à l'implantation, le pois chiche, par exemple, serait à réserver plutôt aux sols à fort potentiel.
Des Indices de fréquence de traitement réduits
"Nos clients nous demandent d'améliorer de plus en plus d'indicateurs, dont l'ITF. La Pac va aussi dans ce sens, et l'on va certainement être de plus en plus sous pression pour améliorer cet indicateur....", note le responsable UAPL. La rotation "Perles d'Anjou" permet de réduire de 1 point l'IFT dans les sols à faibles potentiels et de le réduire aussi, mais dans une moindre mesure, dans les sols à fort potentiel, où l' "on va chercher de la performance".
L'indicateur bilan carbone, lui, n'était pas pris en compte ici, mais la CAPL, encouragée également par ses clients, cherche aussi à structurer des filières "bas carbone".