Viande bovine
Des actions nationales de blocage la semaine prochaine
La Commission européenne a donné un avis favorable à la relance des négociations UE-Mercosur. « Une véritable provocation » pour Guy Hermouet, président de la section bovine FRSEA.
Quelle est la situation actuelle du secteur de la viande bovine ?
Guy Hermouet : Malgré le recul de la production en 2009 pour la 2e année consécutive (estimée à -3 % depuis 2007), les prix des animaux à l’abattage restent médiocres en ce début 2010, surtout face à des coûts de production qui ne sont pas revenus à leur niveau d’avant la flambée des matières premières. Parallèlement, la crise économique grecque a un impact sur le marché français : les exportations de JB vers la Grèce ont diminué. Les animaux non exportés pénalisent le marché intérieur.
Le 4 mai dernier, la commission européenne a émis un avis favorable à la relance des négociations avec le Mercosur. Quels sont les enjeux de ces négociations ?
G. H. : Le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) est le principal fournisseur de viandes bovines de l’Union européenne. De 2005 à 2009, les importations européennes en provenance du Mercosur ont varié entre 330 et 508 000 tonnes équivalent carcasse. Ce volume d’importation avait chuté en 2008 en raison de la décision de l’Europe d’imposer un cahier des charges plus contraignant au Brésil, après avoir constaté des carences graves sur la question de la traçabilité et de la rigueur des contrôles. Aujourd’hui, la reprise des négociations pourrait aboutir à un accord commercial bilatéral avec l’Amérique du Sud, qui aurait pour conséquence une hausse massive des importations de viande bovine en provenance de ces pays tiers. Les ’enjeux de ces négociations sont donc majeurs pour les producteurs mais aussi pour les acteurs de la filière.
Quelles sont les réactions de la FNB par rapport à cette décision de la Commission ?
G. H. : Dans le contexte actuel de crise en élevage bovin viande, la position de la Commission européenne est vécue comme une véritable provocation. Nous ne pouvons accepter cette orientation irresponsable. Nous avons immédiatement alerté les instances européennes et nous avons demandé qu’elles revoient leur position. En plus de la crise grave que nous vivons, cette décision est dénuée de tout bon sens, quand on sait que la production des pays du Mercosur ne respecte en aucun cas les normes réglementaires européennes (sécurité sanitaire et alimentaire, et respect des enjeux sociétaux d’environnement et de bien être animal). La FNB poursuivra sa mobilisation pour empêcher tout accord bilatéral entre l’UE et le Mercosur. Des actions nationales de blocage de centrales d’achat et grossistes intervenant dans la commercialisation de la viande bovine importée des pays-tiers, sont prévues pour la semaine prochaine ; avant le prochain Sommet UE-Amérique Latine, à Madrid du 16 au 19 mai, qui pourrait officialiser la reprise des négociations.
Propos recueillis par Céline BONGIORNO, FDSEA Vendée