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Eleveurs et gardiens des Basses Vallées angevines

Vaste ensemble de prairies naturelles inondables, les Basses Vallées Angevines offrent une biodiversité remarquable. Les agriculteurs assurent l’entretien de ces espaces de façon traditionnelle par fauche et pâturage.

Les Basses Vallées angevins représentent un espace protégé de 7 000 hectares de zones inondables. Les pratiques agricoles ont été adaptées à la faune et à la flore.
Les Basses Vallées angevins représentent un espace protégé de 7 000 hectares de zones inondables. Les pratiques agricoles ont été adaptées à la faune et à la flore.
© AA
Au nord de l’Ile Saint-Aubin, à la confluence de la Mayenne, de la Sarthe et du Loir s’étendent de vastes étendues humides. Avec leurs 7 000 hectares de zones inondables, les Basses Vallées Angevines sont un site exceptionnel du point de vue de la faune et de la flore. Elles abritent de nombreux oiseaux migrateurs et nicheurs. Canard pilet, fuligule milouin, barges à queue noire, pluvier doré, bruant proyer sont quelqu’uns des hôtes des lieux. Mais le râle des genêts, espèce protégé, en est le plus emblématique. Avec une capacité de stockage de 200 millions de m3, les Basses Vallées Angevines jouent aussi un rôle important d’épuration de l’eau et de prévention des crues sur Angers.
Les pratiques agricoles ancestrales (fauche après la mi-juin, pâturage en commun) sur ces terres où aucune culture n’est possible ont permis de maintenir ce paysage ouvert sur de vastes étendues. Mais dans les années 80, la déprise agricole et le prix du foncier ont incité des investisseurs étrangers à planter des peupliers sur d’importantes superficies (800 hectares aujourd’hui), modifiant le paysage et l’intérêt faunistique et floristique du site. Au début des années 90, la LPO (Ligue de protection des oiseaux) a engagé un travail de fonds avec les agriculteurs pour le maintien de la richesse écologique du site. Aujourd’hui propriétaires de 406 ha situées dans les zones les plus riches au niveau botanique, la LPO loue ces parcelles aux agriculteurs locaux.
Plus de 300 CAD signés
Depuis 2002, un peu plus de 300 agriculteurs ont signé un CAD sur l’ensemble des Basses Vallées. Tous les travaux des foins se font à des dates et avec des techniques précises (fauches après le 20 juin à vitesse réduite). Pour protéger les femelles et les poussins, les ornithologues et les éleveurs ont lancé la « fauche sympa », aujourd’hui appliquée à 90 %. La fauche centrifuge permet aux nichées de ne pas être happées par les engins agricoles et de pouvoir rejoindre des sites refuges. « Il y a encore un gros travail de sensibilisation, mais aujourd’hui nous ne sommes plus tous seuls à en parler, les agriculteurs ont pris le relais sur le terrain. Ils sont conscients de la fragilité du site », souligne-t-il. Aujourd’hui, les interrogations demeurent sur la pérennité des financements. C'est pourtant la condition sine qua non pour que le râle des genêts puisse continuer à émettre son chant au printemps, un « « Crre-Crre » puissant qui s’entend la nuit à un kilomètre à la ronde.
Delphine Jégo


L’éleveur et l’oiseau

Des agriculteurs des Basses Vallées Angevines se sont regroupés au sein d’une association afin de valoriser leurs produits.

Créée en 2001, avec le soutien de la Chambre d’agriculture, l’association Eleveurs des Vallées angevines répond à 3 objectifs : pérenniser les élevages, maintenir l’élevage et valoriser les produits issus de ces vallées. « Notre démarche était de pouvoir nous connaître et nous rencontrer, ce qui n’est pas toujours le cas, car les rivières nous séparent », explique Pascal Poulard, vice-président de l’association, installé en Gaec à Briollay, sur une exploitation de 185 ha dont 80 inondables, en vaches allaitantes et vaches à viande. Elle compte aujourd’hui une soixantaine d’adhérents. Afin de promouvoir leur production, les agriculteurs ont créé une marque « L’éleveur et L’oiseau, le bœuf des vallées » qui a été commercialisée dans un supermarché des environs. L’association a aussi pour mission de défendre les agriculteurs au niveau des instances décisionnelles pour le renouvellement des contrats et de faire découvrir le métier d’éleveur en accueillant des écoles sur les exploitations, etc. Pascal Poulard estime que les résultats sont positifs : l’élevage se maintient et la population du râle des genêts augmente. « Ce partenariat a permis une reconnaissance de ces territoires, qui étaient mal connus, y compris par les habitants et de faire connaître les agriculteurs qui entretiennent ces espaces », souligne-t-il.


Le râle des genêts, un hôte précieux

Espèce protégée, parmi les plus menacées d’Europe, le râle des genêts hiverne en Afrique. Il arrive dans les Basses Vallées vers la 2e quinzaine d’avril. Les femelles établissent leur nid au sol dans les prairies naturelles des zones inondables. Les premiers poussins éclosent en juin et ils ne peuvent s’envoler qu’un mois après leur naissance. Les Basses Vallées abritent 270 couples, soit les 2/3 de la population nationale. « C’est le seul site en France où la population se maintient », souligne Gilles Mourgaud. Entre septembre 2000 et mai 2001 le site a connu d’importantes crues, la population de Râle des genêts s’était alors effondrée. Aujourd’hui la population est revenu au niveau des années 80. D’autres espèces profitent des actions mises en place. Le courlis cendré niche de plus en plus régulièrement dans les prairies. De nombreux passereaux, comme le bruant des roseaux ou le tarier des prés, possèdent sur les Basses Vallées angevines des populations inégalées ailleurs en France.


Un foin appétant qui nécessite une complémentation : La diversité de la flore des prairies permet un équilibre alimentaire favorable à la bonne santé des bovins.

Dans le cadre du programme Loire nature, l’évolution des valeurs fourragères des prairies des Basses Vallées a été étudiée pour apprécier l’effet des fauches tardives. 8 sites d’altitudes ont été suivis de 2000 à 2005. Quatre prélèvements ont été effectués durant chaque printemps. Lors dune année classique avec inondation hivernale des prairies, les foins sont de qualité moyenne avec des rendements qui peuvent être très satisfaisants malgré des indices de nutrition azotée et potassiques très bas. Ce sont des foins faciles à faire qui nécessitent peu ou pas de fanage. En revanche, le manque de matière azotée est probant et nécessite une complémentation, quel que soit le type de prairie. Les valeurs minérales (richesse en sodium et calcium, pauvreté en potassium) sont originales et ont probablement un effet favorable sur le métabolisme du ruminant.


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