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Foncier
Être et rester agriculteur dans l’agglomération d’Angers

L’agriculture a-t-elle encore sa place autour des villes ? Alors qu’un colloque régional a planché sur le sujet, des agriculteurs périurbains témoignent.

L’exploitation de Bruno Menet, éleveur à Beaucouzé, est prise en étau entre une autoroute, une zone industrielle et des lotissements.
L’exploitation de Bruno Menet, éleveur à Beaucouzé, est prise en étau entre une autoroute, une zone industrielle et des lotissements.
© AA
Je vois les maisons avancer, les zones industrielles grandir et je m’interroge sur l’avenir de l’agriculture dans cette zone. D’ici un an, je vais perdre 20 hectares avec la construction d’un lotissement ». Bruno Menet, éleveur naisseur-engraisseur de charolaises à Beaucouzé, à l’ouest d’Angers, fait partie de ce qu’on appelle les agriculteurs périurbains. Son exploitation est cernée : d’un côté, l’autoroute Paris-Nantes, qui passe à 30 mètres des bâtiments d’élevage et d’habitation, déversant son lot quotidien et sonore de véhicules. De l’autre, la zone
d’activité du Pin, et côté ville, des habitations. Le maintien de son exploitation est lié à la politique d’urbanisme de Beaucouzé (5 936 habitants), qui va s’équiper d’une ligne de tramway à l’horizon 2015.
En attendant les évolutions de l’agglomération, Bruno Menet, installé depuis 21 ans, compose avec les atouts et les contraintes de cette proximité. Chaque année, d’avril à Noël, une centaine de vaches de son cheptel migre vers l’île Saint-Aubin, au nord d’Angers, où il possède une trentaine d’hectares. Le troupeau de charolaises s’accommode très bien des fourrages grossiers de cette zone humide : « Elles connaissent l’île par cœur, elles savent où se trouve la meilleure herbe », sourit l’éleveur, qui porte aussi la casquette de directeur de l’association syndicale de l’île. Le transport des bêtes du site de Beaucouzé vers l’île nécessite de nombreuses allées-venues, « jusqu’à quatre tours dans la journée, en fonction du trafic routier ». La bétaillère traverse le centre-ville d’Avrillé, avec les contraintes que cela engendre : circulation, rétrécissement des voies, ralentisseurs… « Il me faut deux heures aller-retour », a calculé l’agriculteur. L’été, c’est le foin ramassé sur la parcelle de l’île qui doit être rapatrié pour nourrir les animaux restés en stabulation. Sur l’île, l’agriculteur doit composer avec les crues et il n’est pas rare qu’il rende visite à ses vaches en barque… S’il aime travailler ainsi en pleine nature à deux pas de la ville, Bruno Menet pointe aussi du doigt les conséquences de son isolement : moins de voisins pour s’entraider, une Cuma éloignée…

À l’est, une première réserve foncière
À l’est d’Angers, la ville gagne aussi du terrain et des agriculteurs s’impliquent dans les projets. L’extension de la zone artisanale de l’Océane de Villevêque, actée par le Plu* d’Angers nord-est signé en juillet 2005, implique une emprise de 60 hectares. Pour compenser les futures pertes occasionnées par les expropriations de terres agricoles, une réserve foncière de 20 hectares, achetée par Angers Loire Métropole, a été constituée fin 2007. « C’est une première sur notre secteur, souligne Jean-Pierre Leroyer, éleveur laitier au Plessis-Grammoire et délégué cantonal FDSEA d’Angers Nord-Est. Nous l’avons fait parce qu’il y avait une opportunité d’achat. Mais ce n’est pas possible partout. ». Après le Plu, un Scot (Schéma de cohérence territoriale) est en cours d’élaboration et les agriculteurs y participent afin de défendre la profession et de dégager une certaine lisibilité pour l’avenir.
Mais exercer une activité agricole en bordure de zone résidentielle est-il encore possible ? Des agriculteurs évoquent une cohabitation parfois compliquée, dans les zones mitées, avec les nouveaux habitants qui se plaignent des nuisances, sonores ou olfactives, occasionnées par les travaux agricoles. Dans le secteur arboricole, les nouvelles réglementations phytosanitaires inquiètent les professionnels quant à la pérennité même de leur activité. « Exploiter des vergers en zone périurbaine devient difficile, et si les arboriculteurs en place iront certainement au bout de leur activité, il est à craindre que les vergers ne soient pas tous transmissibles », explique Jean-Pierre Leroyer.

Une rocade à travers des terrains horticoles
Au sud, dans la foulée du contournement nord, qui doit être mis en service cet été, un projet de rocade est en cours de préparation, pour l’échéance 2015. Le tracé, encore provisoire, emprunterait des terrains horticoles. Arboriculteur et horticulteur à Sainte-Gemmes-sur-Loire, Louis-Luc Bellard souhaiterait que les élus profitent de cette occasion pour renforcer le poids économique de la zone horticole. Le responsable professionnel attend qu’une « concertation » soit mise en place entre le Conseil général, qui a le dossier en main, les élus locaux et la profession agricole. « Je souhaite que l’on positionne le tracé le plus au nord possible, tout en protégeant les zones d’habitation, afin de préserver le plus possible de terres ». En contrepartie des inévitables expropriations, il propose « que les collectivités locales s’engagent à renforcer et moderniser l’équipement de notre zone horticole en réseaux de gaz, d’eau, d’électricité, chemins…. Cela donnerait un sens à une zone verte entre Loire et Maine », argumente-t-il. Une zone verte qui génère 800 emplois aujourd’hui, peut-être plus demain… Son idée est aussi de préserver la zone de l’extension de l’agglomération en faisant de la rocade « une ligne Maginot contre l’urbanisation ».

S.H.
*Plan local d’urbanisme.
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