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Actualité syndicale
Ils étaient plus de 52 000 dans toute la France

À l’appel de la FNSEA, plus de 52 000 manifestants se sont mobilisés, le 16 octobre, dans une vingtaine de capitales régionales.

La FNSEa devait être reçue, ce mardi, par le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire. Une conséquence directe de la forte mobilisation de vendredi dernier à travers toute la France. En effet, plus de 50 000 agriculteurs se sont rassemblés dans toutes les capitales régionales, à l’appel de la FNSEA pour, toutes productions confondues, en appeler au Président de la République afin que des mesures à court, moyen et long termes soient prises afin de tenter de résoudre la grave crise qui touche aujourd’hui l’agriculture. Pour « ramener l’agriculture au cœur des débats », comme le soulignait Alain Bernier, président de la FDSEA44, en accueillant les quelque 5 000 manifestants massés à côté d’une impressionnante file de
350 tracteurs, vendredi matin, sur le cours Roosevelt, en plein centre de Nantes. Au même moment, partout, les agriculteurs se réunissaient : ils étaient 1 200 à Colmar, 2 200 à Mont- de-Marsan, 1 000 à Clermont-Ferrand, 2 000 à Dijon, 3 000 à Rennes, 3 000 à Orléans, 1 500 à Chalons en Champagne, 1 200 à Besançon, 550 en région parisienne, 5 000 à Avignon, 1 200 à Limoges, 1 600 à Metz, 5 000 à Toulouse, 2 350 en Nord-Picardie, 2 500 en Normandie... et 5 000 donc à Nantes, dont 1 000 de Maine-et-Loire.

« Un plan global de soutien »
Dès le 15 octobre le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, avait annoncé, sur France 2, souhaiter  « un plan global » de soutien à un secteur considéré comme « stratégique », reconnaissant que les agriculteurs avaient perdu, en moyenne, de 10 à 20 % de leur revenu. Ce qui est loin du compte pour des producteurs de viande bovine ou de porcs, ou encore les arboriculteurs qui, depuis plusieurs années, accumulent les déficits. Ce qui est également loin du compte pour les laitiers qui, d’une année sur l’autre, ont vu le prix du lait baisser de 30 %.
C’est cette légitime demande de vivre décemment des fruits de leur travail que les agriculteurs sont venus exprimer, le vendredi 16, à Nantes, ralliant la capitale ligérienne qui en bus, qui en co-voiturage ou en tracteurs formant de longs convois sur les routes. Les agriculteurs et agricultrices, accompagnés par les représentants des OPA et des salariés, soutenus par la Chambre d'agriculture, la Fédération viticole, la MSA, l’Afga, la Fédération de chasse, le GDS, ont déployé dans les rues de Nantes, un important cortège de mécontentement. Un déploiement ponctué, tout au long et devant la préfecture dont les fenêtres du premier étage avaient été calfeutrées, de nombreuses animations qui sont autant de métaphores de l’état dans lequel se trouve le monde agricole : des plumes, de la paille, des pommes, une barque qui sera mise à l’eau sur l’Erdre, un mur de parpaings, mur de l’incompréhension et un mariage : celui de Nicolas Sarkozy et de Michel-Édouard Leclerc, sous la bienveillante bénédiction de Mariann Fischer Boel, commissaire agricole européen, mariage qui scelle l’entente cordiale octroyée à la grande distribution dans le cadre de la Loi de modernisation économique.

« Des initiatives fortes » d’ici la fin du mois
Une délégation a été reçue par le préfet de région, Jean Daubigny. « Monsieur le Préfet, a indiqué Joël Limouzin, président de la FRSEA, à l’issue de cette rencontre, a compris qu’il faut des prix rémunérateurs pour notre agriculture. Cela fait trop longtemps que notre revenu est en berne. Nous créons des emplois, de la richesse. Pourquoi alors n’arrivons-nous pas à vivre de notre métier ? Si le Président de la République s’engage à nous aider, nous pourrons relever la tête. Ce rassemblement qui réunit toutes les productions doit aboutir à des résultats. Il nous faut des éléments de réponse. » Et d’en appeler au Président de la République, lequel devrait annoncer, d’ici fin octobre « des initiatives fortes ». Entendra-t-il les demandes de la profession : une année blanche avec report des annuités, une compétitivité retrouvée à prévoir dans la Loi de modernisation agricole, les prémices d’une prise en compte de la nécessaire régulation des marchés agricoles ?

M. L.-R.

Ils ont dit

Retour de manifestation

Els Harmsen, Montreuil-Juigné : « il fallait être là ». « J’étais vraiment décidée à y aller », raconte Els. « On est 100 % en lait, alors le prix, ça fait mal ». C’est au cours de la réunion FDL que l’agricultrice de Montreuil-Juigné s’est décidée : « J’ai compris l’importance d’y aller. À Nantes, j’ai été impressionnée par le nombre de tracteurs, la foule, la bonne ambiance, tout ce monde rassemblé pour le pique-nique. J’ai adoré les plumes, ce côté ludique ». Elle aurait aimé que le défilé soit ponctué par des chansons, pour faire passer le message, « que les gens sachent pourquoi on était là ». La fin de la journée l’a aussi beaucoup marquée : « Les discours des différents représentants professionnels sont porteurs de symboles. Ils ont montré que le monde agricole, les maires, les petites et moyennes entreprises dressaient le même constat et poursuivaient le même combat. Quand on rentre le soir, dans son petit chez soi, on espère que ça va changer quelque chose et on est persuadé qu’il fallait être là ».

Lionel Blouin, Mortagne-sur- Sèvre : le convoi escorté par les gendarmes. 18 tracteurs sur la deux fois deux voies de Nantes, avec une escorte de gendarmes, on ne vit pas ça tous les jours. Lionel Blouin, qui a participé à l’organisation de la région de Cholet, reste sous le charme du rassemblement nantais « super bien organisé ». Le convoi de 12 tracteurs, parti de Cholet vers 8 h du matin, s’est allongé de 16 autres à Villedieu-la-Blouëre. À midi, tout le monde arrivait à Nantes. Placé en bout du deuxième cortège des tracteurs, Lionel Blouin et son équipe étaient aux premières loges pour voir passer le début de la manifestation, les plumes, la pailleuse, les banderoles. « Le temps ne nous a pas paru long, on était une bonne équipe et on a pu assister aux animations à la préfecture ». Si, pour sortir de Nantes, les choses ont été un peu plus compliquées, personne ne regrette le déplacement qui s’est terminé par un dîner commun. « ça rallonge la journée, mais on n’allait quand même pas se quitter comme ça ».

Dominique Janus, Baugé : « C’est dommage pour ceux qui ne sont pas venus ». « On s’était organisé pour le boulot car on était partis pour la journée ». Départ en car sur les coups de 9 h 15, les agriculteurs de la région de Baugé en sont revenus, vers 20 h 30, satisfaits. « Bonne ambiance, bonne organisation, belles animations », commente Dominique Janus. Beaucoup, à Nantes, ont retrouvé d’anciens camarades de classe, des jeunes… « On a pu voir ce qui se passe ailleurs, comment ils vivent les événements. Personne n’est déçu car chacun savait qu’il ne reviendrait pas avec un chèque. D’ailleurs tout le monde est prêt à repartir à l’action et c’est dommage pour ceux qui ne sont pas venus ».

Frédéric Robert, Candé : « La prochaine fois, on y retourne en tracteur ». Les gars sont revenus contents. Les prochaines manifestations, ils n’iront plus en voiture et à pied, mais en tracteurs, « c’est plus marrant et ça parle plus aux gens : les Nantais ont bien apprécié, ils ont pris des photos ». Parmi les choses positives relevées, les discours qui ont concerné toutes les productions, ce qui a particulièrement plu aux éleveurs de viande bovine. « Ceux-ci ont retrouvé un peu de moral de voir leurs difficultés bien soulignées. La journée a été fatigante, reconnaît Frédéric Robert, mais elle a aussi permis de montrer où était la vraie force du syndicalisme. « Je pense que certains anciens adhérents, mais aussi ceux qui ne l’ont jamais été, vont nous rejoindre cet hiver. »

Maxime Vincent, jeune ouvrier agricole en production laitière à Saint-Rémy-en-Mauges a un projet d'installation avec son frère (déjà installé). Il est allé en tracteur à la manifestation car, dit-il : « Il n'est pas facile pour un futur installé de se projeter dans l’avenir avec un prix du lait incertain. Il faut montrer que l'on est présent et avec des revendications cohérentes ». Il a rejoint en tracteur la centaine de tracteurs qui étaient stationnés près de la RN 23 pour être
escortés à Nantes : « ça faisait du monde. » Selon lui, « la manifestation était bien organisée, avec beaucoup de monde. C’est ma première manifestation et j'ai trouvé ça intéressant. J’ai pu parler avec d’autres agriculteurs, discuter de leur vision des choses. La population nantaise nous a vu défiler et les gens semblaient nous soutenir : certains se sont même arrêtés pour nous parler ». Il était même surpris par les Nantais qui ne semblaient pas énervés du dérangement. Pour lui, « c'est un bon souvenir ».

Recueilli par M. L.-r. et I.D.

Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA

« Il faut remettre de la régulation dans les marchés agricoles »

Nous travaillons plus, pour gagner moins. Les prix de vente de nos produits sont inférieurs à nos prix de revient. Les limites des charges à supporter sont atteintes. Nous avons besoin d’oxygène pour traverser cette année noire. C’est la raison pour laquelle nous demandons une année blanche. Nous demandons 1 milliard. Le Président de la République a débloqué dernièrement des aides pour les banques, pour le secteur automobile, et ça a marché. Notre agriculture, c’est 14 % des emplois en France : cela mérite de la reconnaissance. Au lieu de cela on nous pique du foncier pour différentes infrastructures. On nous repousse toujours plus loin, en exigeant de nous une production de qualité à tous points de vue. Il y a aura des produits alimentaires s’il y a des agriculteurs, et il y aura des agriculteurs s’il y a des revenus. Mais pour le moment, nos prix désespèrent les agriculteurs. Sans compter qu’aujourd’hui, nous ne disposons plus de filets de sécurité sur les marchés. Nous n’avons plus de protection en matière de prix. La Pac a été détricotée. Il faut remettre de la régulation dans les marchés agricoles.
Quant à la grande distribution, elle ne se préoccupe guère du pouvoir d’achat des Français, comme elle le dit, elle se soucie d’abord de ses propres intérêts. Nous voulons donc un plan de sauvetage immédiat, avec le report du remboursement du capital et la prise en charge des intérêts d’emprunt par l’État, l’exonération des cotisations sociales, et l’exonération de la taxe foncière sur le foncier non bâti, et de la taxe carbone. On demande aussi, pour les serristes en
particulier, la prolongation de la mesure de remboursement partiel de la TIPP (Taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers). Concernant les fruits et légumes, il est aussi nécessaire de baisser le coût horaire du travail saisonnier. En France, ce coût horaire de travail se situe à environ 13 € de l’heure. En Allemagne, il est de 6 €.

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