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Productions animales
Jean-Michel Lemétayer en Maine-et-Loire : des aides, de la transparence et des prix

Remontée des cours, année blanche pour les producteurs, transparence des marges… qu’en dira le ministre de l’Agriculture, attendu au Space mardi prochain ?

Jean-Michel Lemétayer était lundi à La Prévière sur le site du Gaec des Camélias, spécialisé en production vaches allaitantes.
Jean-Michel Lemétayer était lundi à La Prévière sur le site du Gaec des Camélias, spécialisé en production vaches allaitantes.
© AA

Une visite de terrain, pour montrer la réalité de la situation ». C’est l’objectif visé par la FNSEA et son président, Jean-Michel Lémétayer, en se déplaçant sur une exploitation du Pouancéen, lundi mardi. « Un élevage performant, de bon niveau génétique », a souligné Christiane Lambert, présidente de la FDSEA et vice-présidente de la FNSEA. Le Gaec des Camélias s’est spécialisé en production vaches allaitantes (race charolaise) en novembre 2006, lorsque Régis s’installe avec ses parents. Le Gaec passe alors au réel ; une stabulation aux normes de 100 places est construite. L’augmentation du cheptel se fait par croît interne, ce qui prive le Gaec de la conjoncture favorable de 2006.
Aujourd’hui, avec un taux d’endettement de 56 %, une surface de  82 hectares, 80 vêlages par an et  117 PMTVA, une contractualisation avec Terrena et de bons résultats  techniques, le compte n’y est pas. Les critères d’accès ont exclu le Gaec des plans Sarkozy et de consolidation. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’EBE pour 2009 se situe à  18 800 euros/Utaf, (alors que les objectifs du PAD de Maine-et-Loire tablent sur un EBE de 40 000 euros). Et ce, nonobstant les mesures prises pour faire face aux cours dégradés : moins d’amendements, report de l’entretien du matériel, décapitalisation.

Remontée des prix

« C’est bien le problème des prix qui est à la base des problèmes », a redit Jean-Michel Lemétayer. Le président de la FNSEA s’est montré particulièrement outré par le récent communiqué du Sniv, réfutant toute augmentation de prix pour résoudre la crise de l’élevage bovin. « Comment faire face, pour dégager un revenu, si les prix aux producteurs ne suivent pas les coûts de production ? ». C’est pourquoi la fnsea et la fnb réclament une revalorisation des cours de l’ordre de 0,50 à 0,60 euros/kilo. « Et que l’on ne vienne pas me dire que l’augmentation des cours aux producteurs va pénaliser le consommateur », s’est insurgé Mickael Bazantay. Le responsable de la section bovine, administrateur FNB, en veut pour preuve les deux courbes comparatives des prix payés aux producteurs et ceux à l’étal. Quand les premiers stagnent, en 2009, à l’indice 100 (source France Agrimer), les prix à la consommation (source Insee IPC viande de bœuf) frôlent l’indice 140. Une distorsion d’autant plus inacceptable, ajoute Guy Hermouet, président régional de la section bovine, que la production est maîtrisée et que la consommation ne faiblit pas, contrairement à ce qui est allégué. Ce delta croissant entre production et consommation pose également la question du rôle de l’État.
Pour dénoncer la situation et faire prendre conscience aux consommateurs du jeu de bonneteau des marges dont ils font l’objet, une opération de stickage est organisée dès cette semaine par la FDSEA et JA. Cette opération concernera la viande bovine et la viande porcine, elle aussi touchée par des cours très bas et sans rapport avec les coûts de production. La démarche visera aussi à faire toute la transparence afin de vérifier si les étiquettes ne font pas la culbute entre le prix d’achat par la grande distribution et le prix en rayon. Une vigilance toute particulière sera également apportée à la traçabilité, l’origine des viandes, tant dans les grandes surfaces que dans la restauration collective.

Une année blanche

Comme si cela ne suffisait pas, la sécheresse est venue grever encore l’équilibre financier de l’exploitation. Régis a fait ses comptes. Les stocks, en sortie d’hiver, n’étaient déjà pas bien gros. Les récoltes d’herbe, de foin, de paille sont en déficit. Pour la récolte de maïs, qui se déroule cette semaine, l’éleveur s’attend à 8 tonnes de matière sèche, au lieu des 12 habituelles. Pour nourrir ses animaux, il lui faudra avoir recours à des achats extérieurs. Parallèlement, le Gaec a cherché à s’adapter : dès le printemps, l’éleveur a anticipé la pénurie en acquérant de la paille à cours plus bas. Il a opté pour des achats groupés avec l’opération FDSEA et Terrena, il sèmera des prairies plutôt que du blé, il vendra des vaches… Résultat de l’opération : un surcoût de 8 500 euros.
« Face à cette situation, ce sont des aides immédiates dont les éleveurs ont besoin », a repris Jean-Michel Lemétayer. La FNSEA demande donc, comme elle l’avait fait en 2009, une « année blanche pour les éleveurs », afin de leur permettre de passer le cap. « Mais toutes les aides du monde ne résoudront pas le problème des prix », a-t-il redit.
Actions sur le court terme, avec des aides vis-à-vis du climat. Actions à moyen terme pour faire bouger les curseurs sur les prix. Poursuite du travail sur l’organisation de l’offre, tel que le permet désormais la Loi de modernisation agricole. C’est tout un arsenal de mesures qui est réclamé et mis en œuvre pour sortir les productions animales du marasme dans lequel elles s’enfoncent tous les jours un peu plus. Pour tous ces sujets, les pouvoirs publics sont concernés, directement ou indirectement. Peut- on dès lors conseiller le ministre de l’Agriculture, qui a confirmé sa présence au Space, mardi prochain, à ne pas y venir les mains vides ?


m. l.-r

Rencontre

Le bureau de la FDSEA alerte les parlementaires

La FDSEA invite chaque trimestre les parlementaires pour un point sur la situation du secteur agricole et sur les dossiers en cours. Lundi dernier, la rencontre a eu lieu sur le site du marché de Cholet, que Gilles Bourdouleix avait proposé comme lieu de réunion.
Faisant écho à la visite de Jean-Michel Le Métayer, la FDSEA a invité les parlementaires à insister auprès du ministre pour qu’il  concrétise ses propos récents : « À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ». Trois sujets d’avenir ont ensuite alimenté l’échange. Lors du même type de rencontre en juin, la Loi de modernisation agricole était au cœur des débats. Les représentants de la FDSEA ont insisté auprès des parlementaires sur la responsabilité de chacun : celles des producteurs pour construire l’organisation collective des
producteurs qui améliorera le rapport de force face à leurs acheteurs, celles des pouvoirs publics et des parlementaires sur une attitude exigeante et sans concession à l’égard des transformateurs et de la grande distribution pour respecter la transparence des marges et jouer le jeu d’accords interprofessionnels favorables à la santé économique des filières, du producteur au consommateur. Une position que partagent les parlementaires, mais Michel Piron d’ajouter : « Il faudra que les producteurs aident les observateurs à faire fonctionner l’observatoire des marges… ». Les parlementaires ont par ailleurs souligné « la qualité et la complétude » du document de la FNSEA sur les distorsions de concurrences intracommunautaires qui font perdre de la compétitivité à l’agriculture française.
« Si vous prenez acte de cette analyse, nous attendons de vous une véritable volonté législative sur le volet des charges et des contraintes distorsives en agriculture. Notre prochaine invitation à l’automne portera sur la loi de finances », a indiqué Jean-Marc Lézé.
Sur la question des retraites, les responsables actifs et aînés, à travers Jean-Noël Socheleau, président de la Section des anciens exploitants, ont insisté sur la pénibilité pour laquelle la FNSEA aurait préféré qu’elle soit abordée par métier plutôt que sous
l’angle de l’invalidité, la question des carrières complètes à 67 ans qui pénalisera fortement les conjoints, l’examen de principe des 25 meilleures années pour l’agriculture, la revalorisation des plus faibles retraites agricoles. Des sujets qui alimenteront la prochaine rencontre trimestrielle…

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