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L’ AEI : une démarche de progrès

Les prochains Entretiens de l’Agriculture écologiquement intensive (AEI) se tiendront à l’École supérieure d’agriculture d’Angers du 24 au 26 octobre.

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L'Agriculture écologiquement intensive (AEI) apporte un cadre de réponses aux enjeuxauxquels l'agriculture sera confrontée demain : raréfaction des ressources fossiles, besoins en biomatériaux et en énergie, adaptation au réchauffement climatique, plus grande préservation de l'environnement et toujours production des aliments nécessaires à l’alimentation.
L'AEI n'est pas un nouveau label ou un nouveau cahier des charges, mais plutôt un guide, une nouvelle voie de développement que chaque agriculteur pourra mettre en œuvre dans son exploitation. Comme dans les années 60, un challenge est à relever. Mais aujourd'hui, s'il faut produire plus, c'est avec moins. Comment résoudre cette équation qui peut paraître, de prime abord, insoluble. C'est sans compter sur les formidables machines biologiques que sont le sol, les plantes, les animaux, qui sont le socle du métier d'agriculteur.
L'enjeu est donc de se réapproprier l'optimisation des fonctionnalités de ces écosystèmes, permettant ainsi de réduire le recours aux intrants de synthèse et aux ressources non renouvelables, sans pénaliser les niveaux de production et la viabilité des exploitations.
Valoriser les mécanismes naturels du fonctionnement des écosystèmes n'est pas un retour en arrière, une régression ou un refus du progrès. Bien au contraire, c'est valoriser les derniers résultats de la recherche sur le fonctionnement de la cellule, la physiologie des plantes et des animaux, la génétique. Les progrès réalisés dans le domaine des nouvelles technologies de l'informatique et des communications (NTIC) pourront accompagner cette dynamique, à condition qu'ils ne dépendent pas de sources d'énergie non renouvelables.
Concrètement, plusieurs leviers peuvent dès aujourd'hui être mis en œuvre sur les exploitations et ceci, à trois niveaux. Au niveau de la parcelle ou du troupeau en cherchant à optimiser les pratiques, au niveau de l’exploitation en améliorant la cohérence globale et enfin, au niveau du territoire en saisissant les complémentarités possibles avec les autres exploitations ou les opportunités avec d’autres acteurs.
Cette démarche concerne tous les agriculteurs, quels que soient leur production et leur système d’exploitation. Chacun pourra s’emparer des pratiques qui conviennent à son exploitation, à ses objectifs, qu’ils soient économiques ou en terme de conditions de vie.

Appliquer, mais aussi innover
Des techniques existent aujourd’hui pour produire plus avec moins, mais bien d’autres sont à inventer. Au niveau de l’alimentation animale, la recherche travaille sur des aliments ou des compléments naturels qui permettront d’a-méliorer la digestion et de réduire les émissions de méthane, d’N, de phosphore. Des résultats encourageants sont enregistrés avec le lin. D’autres aliments peuvent avoir des propriétés intéressantes. Le sainfoin par exemple pourrait avoir des vertus anthelmintiques (vermifuge).
Les propriétés allélopathiques de certaines plantes qui secrètent des molécules se comportant comme des pesticides naturels pourront être avan-tageusement utilisées pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. Que peut apporter la phytothérapie en santé animale ? Et l’homéopathie ? Bien peu de recherches sont conduites sur ces thèmes.
La révolution de la génomique en cours peut être aussi un puissant levier d’adaptation du végétal et des animaux. En bovins, les caractères, dits secondaires aujourd’hui, pourront être sélectionnés avec une intensité et une précision beaucoup plus importante. L’enjeu est d’avoir des animaux qui produisent autant, en étant moins sensibles aux maladies, ayant une meilleure longévité et valorisant mieux la ration de fourrages.
L’AEI, c’est aussi passer de pratiques systématiques à des pratiques ciblées. Le recours à l’informatique et à la robotique sera un précieux atout pour aider l’agriculteur dans ses choix. L’arrivée de capteurs dans les élevages fournira des informations utiles qui, croisées entre elles, apporteront une aide précieuse dans les prises de décision, permettant de réduire les traitements.
En agronomie, des travaux sont engagés sur des véhicules agricoles autonomes. Le contrôle des mauvaises herbes pourrait être assuré par des robots qui déposent une dose d’herbicide sur chaque adventice détectée, ou encore réalisent une intervention mécanique.


Agriculteurs, acteurs de l'AEI
Toutes ces pistes sont à explorer scientifiquement. Les plus prometteuses seront à valider sur le terrain par des actions de recherche appliquée pour mesurer à l’échelle de l’exploitation les bénéfices environnementaux, économiques et sociaux.
Mais au-delà des connaissances scientifiques, l’innovation viendra aussi des agriculteurs. En effet, l’AEI est aussi et avant tout une reconquête du métier d’agriculteur sur son milieu : l’observation, la recherche de nouvelles pistes sont dans les mains des agriculteurs. Le travail en groupe devra prendre une place prépondérante : il permet une mutualisation des connaissances, le partage des expériences et l’émergence d’idées nouvelles.
L'enjeu aujourd'hui est de trouver les voies d'une nouvelle adaptation de l'agriculture à son contexte et un nouveau contrat avec la société.

Christiane Lambert, Chambres d’agriculture des Pays de la Loire, Jean-Luc Fossé, Chambres d’agriculture de Bretagne

PROGRAMME

Les Entretiens de l’AEI

- lundi 24 octobre à 20 h 30 : projection du film d’Anne Guicherd, “Un monde à nourrir”, suivie d'un échange avec plusieurs sujets du film (film : www.chroma-tv.com).
- mardi 25 octobre à 9 h : table-ronde d’ouverture “Qu’est-ce que le changement global ?”
- mardi 25 octobre à 14 h 30, 6 ateliers : changement climatique et raretés de l’eau. Raretés futures (énergétiques, N, P, K ?). Réduction de l’emploi des pesticides. L’AEI sur le terrain : réalisations pratiques. L'élevage, un facilitateur
d'AEI : alimentation animale et agro écologie. Une horticulture écologiquement intensive et végétal spécialisé.
- mercredi 26 octobre à 9 h, 5 ateliers : AEI et volatilité des prix mondiaux. AEI et compétitivité. Les apports de la recherche, les résultats des programmes ANR. Les protéines végétales, réduire le soja importé, quelles pistes ? Les consommateurs : leur rôle dans l’avènement d’une AEI.
- mercredi 26 octobre à 14 h 30 : table ronde de clôture “Dans un univers plus chaotique, la nécessité de s’adapter”.

À l’École supérieure d’agriculture, 55, rue Rabelais à Angers. Programme complet et inscriptions sur http://www.aei-asso.org/entretiens-aei.html

Huit thématiques de travail et de progrès

Préservation du sol
Couvrir au maximum les sols, réduire le travail du sol, allonger les rotations, optimiser le capital sol.

Préservation de l’eau
Augmenter les ressources en eau sur l’exploitation, diminuer les besoins, optimiser l’irrigation, préserver la qualité de l’eau.

Nutrition et productions végétales
Valoriser les ressources et les moyens de défense qu’offre le milieu, valoriser la génétique végétale en lien avec les biotechnologies, substituer des solutions biologiques aux produits d’origine chimique (engrais de synthèse, phytos), raisonner l’utilisation des intrants chimiques.

Outils et machines agricoles
Favoriser l’émergence de nouvelles pratiques culturales, promouvoir l’utilisation de véhicules économes en énergie, réduire les charges de mécanisation et promouvoir une agriculture de précision.


Nutrition et santé animales
Optimiser le système fourrager, valoriser les productions végétales des territoires et les coproduits, limiter les rejets, limiter le recours aux médicaments, améliorer la qualité nutritionnelle des produits.

Bâtiment d’élevage
Concevoir des bâtiments économes en énergie, garantissant une qualité sanitaire du troupeau, confortables pour l’éleveur et l’animal.

Valorisation de la biomasse
Biomasse agronomique, biomasse énergétique, biomasse matériaux et chimie verte.

Biodiversité
Réapprendre à utiliser les potentialités offertes par la biodiversité et les développer : dans la parcelle, sur le bord des champs, sur le territoire.


Source : Plate-forme recherche et développement du Space, coordonnée par les Chambres
d’agriculture de Bretagne.
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