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La ferme
aquacole se réinvente

La Ferme Aquacole d'Anjou de Morannes-sur-Sarthe,  créée en 1990, continue à développer des projets. Pionnière dans le développement de l'aquaponie, elle va bientôt ajouter l'agrivoltaïsme à ses activités. 

Dans le Haut-Anjou, Valérie et Pierre Zimmermann ont fondé il y a 35 ans la Ferme Aquacole d'Anjou, à cheval sur les départements de Maine-Loire et de Sarthe. La sœur de Valérie, Carole Bris, les a rejoints en 2003. La ferme s'étend aujourd'hui sur 22 hectares d'étangs. Ici, il s'élève une douzaine d'espèces de poissons, vendus à une clientèle de particuliers, sociétés de pêche, communes souhaitant repeupler des mares, étangs ou rivières pour la pêche : gardon, tanche, carpe, brochet, perche, goujon, black-bass, sandre, ou encore l'amour blanc, cette carpe chinoise herbivore capable de lutter contre les plantes invasives comme la jussie.

Les étangs fonctionnent en circuit fermé. Ils ont été aménagés autour d'un canal, lui-même creusé sur l'ancien tracé d'un fossé. "Le canal est alimenté par les eaux de ruissellement qui convergent vers ce site, explique Valérie Zimmermann. Pour pêcher, l'étang est vidé de son eau. Comme l'eau de vidange est récupérée dans le canal, cela permet de remplir l'étang à nouveau sans attendre les pluies automnales". Deux étangs font d'ailleurs office de châteaux d'eau. Face au changement climatique, ce système s'avère bien utile pour retenir l'eau sur le site. 

Une activité menacée par le grand cormoran, migrateur qui a tendance à se sédentariser  

Vocation première de la Ferme Aquacole, la production de poissons d'eau douce est bousculée aujourd'hui par plusieurs facteurs. "Notre activité est menacée par les cormorans, espèce migrante protégée qui s'est beaucoup développée ces dernières années. Avec le réchauffement climatique, elle se sédentarise en France. Ce fléau amène même des pisciculteurs à cesser leur activité", s'alarme Valérie Zimmermann. Pour protéger ses poissons de ces prédateurs, la Ferme Aquacole d'Anjou a tout essayé, avec un succès tout relatif : cages refuges pour les poissons, canons effaroucheurs, diffuseurs de cris de rapaces, filets sur les étangs...

Les étangs sont également menacés par les mesures prises par certaines collectivités, qui voient d'un mauvais œil ces plans d'eau. "Heureusement, ce n'est pas le cas ici, souligne la professionnelle, qui comprend mal ces positionnements. Les étangs remplissent pourtant bien des services écosystémiques, en permettant, l'hiver, d'écrêter les crues, en favorisant la biodiversité... Et la pisciculture n'est pas une activité polluante".

Un intérêt pour le concept de l'aquaponie, de la part du grand public et des professionnels

Confrontés à ces difficultés, les pisciculteurs se diversifient. La Ferme Aquacole d'Anjou s'est lancée dans l'aquaponie, il y a 10 ans, et a conçu les bassins potagers nommés Géraldine. Le concept ? Un bassin avec des poissons connecté à un carré où l'on cultive légumes, fraises, plantes aromatiques. L'ensemble fonctionne en circuit fermé et s'auto-épure naturellement. Les déjections des poissons, transformées en nutriments par les micro-organismes, fertilisent l'eau, acheminée par une pompe vers le potager. En retour, les plantes purifient l'eau, qui retourne aux poissons.  "Il y a juste à nourrir les poissons", résume Valérie Zimmerman. Le concept Géraldine a reçu un Innovert d'or au Salon du végétal. Il est actuellement testé au sein du démonstrateur d'agriculture urbaine de la Chambre d'agriculture, à Angers. "Il y a un vrai engouement pour cette technique", assure la piscicultrice, de la part de particuliers, de maisons de retraite, d'écoles... Un restaurateur de Château-Gontier va l'utiliser pour produire poissons et végétaux. Côté professionnels, il existe une petite dizaine de fermes aquaponiques en France. 

L'aquavoltaïsme fournira de l'électricité pour l'équivalent de 4 000 personnes 

En termes de diversification, la ferme vend aussi des rillettes de carpe, élaborées au Lycée agricole de Château-Gontier. Elle teste l'élevage de crevettes tropicales d'eau douce. Et le gros projet à venir, c'est une installation aquavoltaïque, qui s'étendra sur environ 10 ha d'étangs. D'une puissance de 10 GWh/an, elle fournira de l'électricité équivalent à la consommation de 4 000 personnes. Une activité qui s'articulera bien avec la production piscicole, et qui devrait même contribuer à la pérenniser. "Les panneaux vont faire de l'ombrage et vont permettre de diminuer considérablement l'évaporation de l'eau, de l'ordre de 30 %, et permettre de protéger les poissons contre les chaleurs. En réduisant la température de l'eau, on aura une meilleure oxygénation de l'eau, souligne Valérie Zimmermann. Couvrir les étangs devrait aussi nous aider à lutter contre le grand cormoran". L'installation est prévue pour 2027.

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