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FNSEA
La question européenne au cœur des débats

Lors du 61e congrès de Marseille, le 29 mars, les échanges se sont centrés sur l’agriculture et l’Europe, en attente d’un réel débat de fond par les états sur la Pac.

Michel Barnier, ancien commissaire européen et Henri Nallet, ancien ministre de l’Agriculture s’accordaient à dire qu’il faut un débat de fond sur la politique agricole européenne.
Michel Barnier, ancien commissaire européen et Henri Nallet, ancien ministre de l’Agriculture s’accordaient à dire qu’il faut un débat de fond sur la politique agricole européenne.
© AA
L’Europe est notre passé, notre présent et surtout l’avenir en lequel nous croyons. (…) Il est temps de réaffirmer que l’agriculture et l’Europe ont un destin commun ». C’est ainsi que Philippe Meurs, président de Jeunes agriculteurs répondait à la question centrale posée au 61e congrès de la FNSEA, à l’occasion d’une table ronde le 29 mars : “Quelle agriculture pour quelle Europe ?”. De fait, souvent critiques à l’encontre de l’Europe, accusée de tous les maux, les paysans savent que leur avenir est intimement lié à ce qui se passe du côté de Bruxelles. « La seule politique intégrée et stratégique est notre politique agricole commune », rappelle Philippe Meurs. Et Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, de mettre en garde : « L’Europe ne peut pas renier ses origines et ses bases les plus solides ». Selon lui, « l’Europe s’est construite grâce et avec l’agriculture. Elle perdrait son âme si elle trahissait ceux qui ont œuvré pour elle et qui ont été en première ligne de la construction européenne. Pourtant le danger est réel. ».
Les trois intervenants politiques, Henri Nallet, ancien ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, député européen (PS) et Michel Barnier, ancien commissaire européen et ancien ministre (UMP) étaient en phase sur la nécessité d’un débat de fond sur l’agriculture. « Il nous faut une réflexion de fond sur la politique agricole. C’est aux chefs d’État de la demander », estime Henri Nallet. Alors que les Européens ont fêté les 50 ans du traité de Rome quelques jours plus tôt, Henri Nallet souhaite qu’on « écrive à nouveau notre article 39. Il faut une politique commune avec du contenu. Sinon on risque une renationalisation de la Pac », prévient-il. Séphane Le Foll regrette quant à lui l’attitude des Français qui ne pensent qu’à ce qu’ils peuvent « gratter » de bon sur le continent européen.
Et, Michel Barnier de reprendre sa casquette d’ancien commissaire européen et de fustiger la mauvaise foi des politiques : « Quand les bureaucrates prennent le pouvoir (à Bruxelles), c’est que les hommes politiques leur ont laissé le pouvoir ».

Retrouver une perspective
Henri Nallet invitait les respon-sables agricoles à « réfléchir de manière calme et sans a priori » pour retrouver une perspective à la Pac. « C’est plus facile d’avoir un débat de fond quand la situation des agriculteurs va plutôt bien », estime-t-il. Quant à Michel Barnier, il « recommande aux dirigeants agricoles de mettre dans la Pac des objectifs liés à l’indépendance alimentaire, et des sujets de modernité et d’avenir ». Même constat du côté du représentant de la Commission européenne, Paul-Skytte Christoffersen, chef de cabinet de la Commissaire Mariann Fischer Boel. « L’avenir de la Pac n’est pas seulement budgétaire : il s’agit de la place de l’agriculture dans la société actuelle », explique-t-il en insistant sur l’« influence » des écologistes, des ONG…
Le représentant de la Commission s’est voulu très rassurant… « Il y aura des corrections mais pas de changement de cap. Le cadre pour les agriculteurs sera stable jusqu’en 2013, aussi d’un point de vue financier ». Quant à l’OMC, il promet « qu’il n’y aura pas d’accord sans engagement clair des USA sur les aides internes ».
Jean-Michel Lemétayer, dans son discours de clôture, a joué de la menace à l’encontre de Mariann Fischer Boel. « Si elle confond bilan de santé avec amputation sans anesthésie, je vous garantis qu’elle va entendre parler du pays ! ».

AGRAPRESSE

Impressions

Regard d’un animateur sur les travaux du congrès

Damien Boussiron, animateur à la FDSEA, a assisté au Congrès de la FNSEA à Marseille.
L'Anjou agricole a recueilli ses impressions. « Soleil, Canebière, voilà ce que représentait pour moi Marseille il y a encore peu. Le programme du Congrès FNSEA était différent. Tout d’abord le huis-clos qui permet d’échanger en interne. Le débat fait ressortir les visions différentes entre régions et productions. Difficile de mettre le producteur de salades du Var et l’éleveur de la Creuse sur la même longueur d’ondes !
Et pourtant, c’est là toute la force du réseau FNSEA : rassembler autour de la table des agriculteurs aux profils différents mais avec un objectif commun : la défense des paysans.
La deuxième journée a mis en avant les difficultés de l’organisation économique en s’appuyant sur le modèle anglo-saxon, apparemment difficilement applicable dans notre pays. On perçoit, certes, une réelle efficacité économique mais l’aspect humain n’est que peu présent. Le paysan est devenu un manager d’entreprises comme un autre et ce système passe par une diminution franche des actifs agricoles. Russel Midon, directeur de la Commission européenne présent au débat, applaudit pourtant des deux mains. Le modèle français n’a visiblement pas que des sympathisants. Les échéances à court terme sont pourtant primordiales. Les débats à l’OMC restent bloqués depuis plusieurs mois. Mais on sent bien que des opportunistes profiteraient bien de la “fenêtre de tir”, qui existe entre les élections françaises et la fin de la présidence allemande à Bruxelles, pour débloquer la situation et sacrifier l’agriculture européenne.
J’ai apprécié la réaction des congressistes. Les adhérents FDSEA peuvent faire confiance à leurs dirigeants nationaux qui ont de l’énergie à revendre pour les défendre. Mais il est clair que la France semble isolée sur certains dossiers et qu’il est difficile de faire imposer notre vision de l’agriculture.
Pour finir ce Congrès, il avait été demandé à des hommes politiques d’exprimer leur vision de l’agriculture dans la nouvelle Europe.
J’ai apprécié la liberté de paroles avec laquelle ils ont débattu, bien loin de la langue de bois habituelle. Ils perçoivent bien les enjeux qui se profilent. Cela prouve d’ailleurs que la profession agricole a su faire passer les bons messages. Mais le carcan des partis politiques ne sera-t-il pas trop lourd pour défendre cette vision d’une agriculture forte avec un nombre important de paysans ?
Je reviens de Marseille avec malgré tout une certaine crainte sur les échéances futures. Beaucoup trop de monde n’a que peu faire du sort des paysans.
La FNSEA et les FDSEA devront se mobiliser pour défendre un métier mais aussi un idéal. Seul des paysans français soudés derrière leur gouvernement, accompagnés de leurs collègues européens,
pourront espérer infléchir les décisions qui se préparent dans le bureau de Russel Mildon et de ses amis ».

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