Le Cinquième vent
à nouveau sur la loire
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À Chalonnes sur Loire, le gabarot le Cinquième vent, réplique d'un ancien bateau de transport de marchandises, avait coulé l'hiver dernier. Grâce au travail de bénévoles, l'embarcation a été restaurée et remise à l'eau.



Alain Moreau se souviendra longtemps de la date du 12 décembre 2024. Ce jour-là, le gabarot le Cinquième vent, réplique d'une embarcation de Loire qu'il a bâtie avec un groupe de passionnés, coulait en moins de 2 heures sur les quais de Chalonnes-sur-Loire, provoquant la stupéfaction chez nombre d'habitants. Que s'est-il passé ? L'avarie de cette embarcation n'est pas sans lien avec la météo pluvieuse de l'an dernier, explique l'ancien président de l'association les Chalandoux du Cinquième vent et responsable du chantier de restauration : "de nombreux troncs d'arbres et autres débris ont été charriés par le courant en période de crue du fleuve. Les collisions répétées avec le bois ont, petit à petit, ouvert une brèche dans la coque du gabarot". Pour rassurer tout de suite ceux qui seraient tentés de monter à bord, aucun risque que cette avarie ne survienne en cours de navigation.
Un bateau labellisé d'intérêt patrimonial
L'idée de construire le Cinquième vent, bateau labellisé d'intérêt patrimonial (BIP), a germé en 2010. Cet ambitieux projet a nécessité deux ans de recherches d'archives, avant d'aboutir sur la réalisation d'un plan. "Nous avons fait un plan au plus proche de la réalité, car à l'époque il n'y en avait pas", explique Alain Moreau. Les gabarots transportaient du bois, de la chaux, des gravats, du charbon, des céréales, ou encore des produits provenant d'Outre-mer par le port de Nantes, comme les écorces d'orange séchées pour la maison Cointreau... Il y a eu autrefois, en Anjou, une intense activité de construction de gabarots (ou chalands), notamment à Juvardeil, où plusieurs chantiers étaient installés sur les rives de la Sarthe. Les gabarots sont tombés en désuétude au milieu des années 1930, avec la concurrence des voies ferrées et des réseaux routiers. Plus courts que les gabares de Loire, leurs dimensions (18 m de long sur 4,33 m de large pour le Cinquième vent), leur permettaient de passer les écluses et de naviguer également sur les rivières.
Un travail colossal de restauration
Après une semaine passé sous l'eau avant d'être hissé à quai par une grue, le Cinquième vent est entré dans une longue phase de restauration, vu l'ampleur des dommages, notamment sur la partie électrique et les pompes. Il a fallu, pour les bénévoles de l'association les Chalandoux du Cinquième vent, se remettre au travail, dans le chantier naval situé sur les quais de Loire. "Depuis le 20 décembre, on est sur le bateau tous les jours, souligne Alain Moreau. Une quarantaine de chalandoux se sont relayés depuis". Quelques modifications ont été apportées pour éviter que cette avarie ne se reproduise, et des capteurs ont été installés pour détecter d'éventuelles dysfonctionnements des pompes de cale. À la grande satisfaction des chalandoux, la remise à l'eau du Cinquième vent a pu se faire le 13 juin. L'association était en effet impatiente de pouvoir recevoir du public, car son équilibre financier repose sur les prestations, qui permettent de payer l'entretien et le carénage. Le bateau est exploité 6 à 7 mois de l'année. L'association propose des sorties à thèmes : coucher de soleil, faune et flore, musique, mets et vins, en partenariat avec l'office de Tourisme Anjou Vignoble et villages. Des locations pour des événements privés sont également possibles.
Depuis 2021, le Cinquième vent a reçu moins de 10 000 personnes par an, dont beaucoup de scolaires. Plus de 8 000 spectateurs étaient présents lors de sa première mise à l'eau. On mesure donc l'émotion qu'a pu susciter l'avarie de l'hiver dernier.