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Le coût du travail pèse sur l'emploi en agriculture

Les problématiques d’une réglementation du travail trop rigide et d’un système social coûteux ont été débattues. Les agriculteurs souhaitent une harmonisation européenne.

Une partie des représentants des employeurs de Maine-et-Loire : Thomas Ligavan (FDSEA), Michel Joubert (UHA), Jean-Claude Jaunault (CER), Pierre Beaujean (FDSEA), Claudine Oger (UHA), Anne Gautier (FDSEA), Martine Gendron (Aretar).
Une partie des représentants des employeurs de Maine-et-Loire : Thomas Ligavan (FDSEA), Michel Joubert (UHA), Jean-Claude Jaunault (CER), Pierre Beaujean (FDSEA), Claudine Oger (UHA), Anne Gautier (FDSEA), Martine Gendron (Aretar).
© Anjou agricole
Avec une part représentant 80 % du coût de certaines productions, la main-d’œuvre était au centre du colloque organisé, pour la deuxième année consécutive, par la FNSEA. Droit du travail “assommant”, réglementation sur les 35 heures, majoration des heures supplémentaires et augmentations importantes du Smic ces trois dernières années : ces mesures visant à protéger les salariés ou à améliorer leur statut n’ont pas produit les effets escomptés en matière de création d’emploi selon Stéphanie Jamet, économiste à l’OCDE.
Philippe Bois, producteur de pêches et d’abricots, confirme cette analyse. « La complexité de la réglementation et le coût du travail pèsent sur nos exploitations. Notre ressenti est amplifié par les différences de réglementations entre les pays qui, par ailleurs, vendent sur le même marché que nous ».

Une réglementation génératrice de distorsions
Les débats ont clairement mis en évidence la difficulté à travailler dans un marché mondialisé avec des différences de réglementation qui ont pour effet de créer d’importantes distorsions de concurrence. Le rapport du député breton Jacques Le Guen avait déjà mis en évidence des écarts importants au sein même de la communauté européenne.
Pourtant, François Gaudu, professeur de droit, se montre sceptique sur la capacité de l’Union européenne à harmoniser les réglementations du travail et des partenaires sociaux à « échanger les 400 pages du Code du travail contre la quarantaine que compte la réglementation allemande ». En effet, la tâche serait ardue : dans certains pays comme l’Angleterre, il n’existe pas de salaire minima, dans d’autres, si la durée légale du travail est définie, des accords collectifs par branches peuvent apporter une souplesse importante.

Des évolutions attendues
Les solutions résident peut-être dans le dialogue constructif entre tous les partenaires sociaux à l’instar de la Belgique où les salariés et les employeurs sont au cœur des politiques sociales mises en place. De son côté, la FNSEA mène une réflexion sur la renégociation des majorations des heures supplémentaires. « La suppression des charges patronales et salariales et la défiscalisation des majorations pour heures supplémentaires sont nécessaires », estime Claude Cochonneau, président de la Commission emploi de la FNSEA. Une mesure “gagnant-gagnant” qui permettrait aux employeurs d’augmenter le nombre d’heures de travail et aux salariés de gagner du pouvoir d’achat. Dans le même esprit, « le seuil de déclenchement des heures supplémentaires ne devrait pas être déterminé en fonction de la durée légale du travail mais fixé par un accord de branche », souhaite-t-il.
Pour répondre aux distorsions de concurrence, il faut accompagner les pays, de l’Est notamment, dans leur développement. Ce n’est qu’à ce prix et qu’animé de cette volonté que les écarts tendront à se réduire.
Thomas LIGAVAN



Travail saisonnier

Le séminaire du Fresne a fait émerger des idées à partir du terrain.
Passer d’une mobilité subie à une pluri-activité choisie
Sur un million de salariés agricoles en France, seuls 200 000 sont employés en CDI et l’on compte 1,3 million de contrats. En Maine-et-Loire, on comptabilise 41 000 contrats saisonniers pour seulement 3 200 équivalents temps plein. Ces quelques chiffres plantent la problématique du travail saisonnier, qui était au cœur de la journée d’échanges organisée par l’Adéfa* dans le cadre du programme Équal-Saisons en Anjou, mercredi au lycée du Fresne. Les nombreux participants d’horizons divers, agriculteurs, salariés, sociologues, élus, médecins du travail, juristes… étaient invités à proposer des pistes pour l’avenir. Comment faire pour que cette mobilité, inhérente au métier de salarié agricole, ne soit plus synonyme de précarité et que les personnes puissent construire des parcours professionnels valorisants et des projets de vie ? Tous les intervenants ont insisté sur la nécessité de travailler en synergie. Bertrand Hervieu, sociologue et ancien président de l’Inra, privilégie un scénario pluri-partenarial « entre les salariés et leurs organisations, les employeurs et les collectivités », dans lequel les parlementaires viendraient s’inspirer des expériences et des novations sociales du terrain pour faire évoluer au niveau national la législation sur le travail, qui permet encore peu la pluri-activité malgré les dernières évolutions (contrat-vendanges, groupements d’employeurs…).

Une charte d’excellence sociale
Déjà sur le terrain, des initiatives existent : programme Équal Saisons en Anjou, groupements d’employeurs, opération mobilité, forums emploi saisonnier... Mercredi, il a été beaucoup question de transport, de logement, de protection sociale du saisonnier, de gardes d’enfants, de formation et d’image du métier, mais également de gestion des ressources ou relations humaines. André Seguin, président du conseil de développement du Pays des Vallées d’Anjou, a plaidé « pour que l’on adosse une charte du travail saisonnier, sorte de charte d’excellence sociale, à Végépolys ». Une idée soutenue par président du Conseil général, Christophe Béchu, venu conclure la journée de réflexion. L’enjeu est de taille, soulignait aussi François Sarrazin, sociologue angevin : « Un certain nombre de productions sont objectivement délocalisables. La seule possibilité de le contrer est de maîtriser la qualité du travail. »
S.H.
*Association départementale pour l’emploi et la formation en agriculture.
Lire aussi dans le prochain Anjou agricole.

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