Fourrages
Le pâturage de foin réduit le recours à la mécanisation
Thorigné-d'Anjou a expérimenté le pâturage estival de foin sur pied. Une alternative judicieuse, à plusieurs titres : économie de temps, de carburant, sans impact significatif sur les performances zootechniques et la repousse automnale.


L'agroclimatologue Serge Zaka explique que le climat de 2022 sera "le climat moyen des Pays de la Loire en 2050". Avec le changement climatique, en effet, "les sécheresses deviendront fréquentes en été et se poursuivront souvent en automne". Avec pour conséquence pour l'élevage, une baisse de pousse de l'herbe de l'ordre de - 32 %. Dès lors, comment s'adapter ? La ferme expérimentale de Thorigné-d'Anjou s'est penchée sur le sujet. "On fait des récoltes de foin au mois de juin, que l'on distribue dès juillet, pour des animaux à faibles besoins. Ce pas de temps très court nous interroge, expose Julien Fortin, responsable de la ferme expérimentale. Nous avons essayé de le prendre comme une opportunité". La ferme a expérimenté le pâturage de foin sur pied, comme une alternative qui permet à la fois de valoriser la ressource présente, en restant compatible avec les exigences zootechniques. Cette pratique participe à la décarbonation de l'activité d'élevage, un objectif poursuivi par la ferme expérimentale au travers de tous ses travaux. "La pratique n'est pas nouvelle, on n'a rien inventé. Ce que l'on a fait à Thorigné se fait en Aveyron depuis longtemps", ajoute Julien Fortin.
Dix jours de plus en pâturage rationné
La ferme expérimentale a fait pâturer des vaches gestantes à partir de mi-juillet, sur les années 2022, 2023 et 2024, sur des prairies temporaires. "C'était vraiment du foin, une quantité de 3,3 t de MS/ha, comprenant une proportion de légumineuses entre 15 et 20 %, des graminées épiées et une légère biomasse verte", précise Julien Fortin.
Durant ces trois années, la ferme a comparé le taux de valorisation de la ration en pâturage libre et en pâturage rationné, au fil. Celui-ci est supérieur en pâturage rationné. Ce type de pâturage peut s'étaler jusqu'au 20 août, soit 10 jours de plus qu'en pâturage libre, où les vaches gestantes trient et consomment plus vite les légumineuses.
Il n'a pas été constaté d'impact de la conduite sur les performances autour du vêlage : le poids des femelles et des mâles à la naissance est conforme à la moyenne des 20 dernières années. Quant aux performances zootechniques, elles laissent paraître peu d'impact sur les vaches, avec une légère perte de poids des animaux, de 12 kg en pâturage rationné et de 8 kg en pâturage libre.
Quid des repousses d'herbe automnales après ce pâturage de foin ? "Nous n'avons pas constaté d'effet significatif sur le rendement et les taux de MAT", indique Julien Fortin. A noter toutefois que le niveau résiduel à fixer en pâturage de foin est de 5 cm ou un peu plus, afin de favoriser la repousse.
Une pratique intégrée dans le système
L'économie de fuel a été estimée à 277 litres sur 45 jours de pâturage, soit - 0,8 t eqCO2. "C'est bien sûr aussi, une économie en temps de travail et une meilleure répartition de la matière organique par les animaux sur le sol", souligne Julien Fortin, très satisfait de l'essai. À Thorigné, cet essai est désormais fini mais la pratique est à présent intégrée dans le système, toujours pour les vaches qui vêlent en automne, et cette fois sur de la prairie permanente.