Sécheresse
Le thermomètre monte, les cultures ont soif
Le déficit hydrique et les températures élevées inquiètent les agriculteurs. Le potentiel de rendement pourrait être réduit si cette situation de sécheresse se poursuit.


"On n'est pas complètement serein. On sait que les maïs les plus jeunes, implantés vers le 20 mai, vont souffrir... Sur les surfaces que l'on n'irrigue pas, on pourrait perdre la moitié de rendement", témoigne Yann Retailleau, éleveur laitier à La Séguinière, dont le système alimentaire repose sur l'ensilage de maïs et l'ensilage d'herbe.
Des maïs non irrigués en difficulté
Les conditions climatiques mettent les cultures de printemps à rude épreuve. Encore plus lorsqu'elles ne sont pas irriguées. Chez Frédéric Bourigault, éleveur de porcs et de vaches laitières à Mauges-sur-Loire (Bourgneuf en Mauges), les maïs ne sont pas arrosés, et ne sont pas bien hauts. "Les derniers semés arrivent au niveau des chevilles, indique l'agriculteur. Dès le milieu de journée, le maïs stresse, les feuilles se mettent à vriller". "Le maïs était pourtant bien parti, mais là, il souffre depuis une dizaine de jours, constate aussi Anthony Barillé, éleveur laitier à Montigné les Rairies. Et encore, heureusement que nous avons eu, sur la commune, 30 mm d'orage".
Des inquiétudes sur les fourrages
Dans certains secteurs, les difficultés liées aux excès d'eau à l'automne, ajoutées au manque d'eau depuis l'implantation, ont des conséquences catastrophiques. "On est passé d'un extrême à l'autre, se désole Jean-Marie Bouvet, éleveur laitier de La Jaille-Yvon. Depuis 4 mois et demi, on n'a eu que 50 mm ! Avec seulement des pluies de 2 mm par ci - par là...". L'agriculteur va faire une croix sur ses 26 ha de maïs : ils devaient lui fournir plus de 200 t de fourrage pour ses animaux, mais ils n'ont quasiment pas levé. "Je les implantés après un mélange ray-grass- vesce trèfle. Les terrains étaient extrêmement durs au printemps. J'ai pourtant bien préparé les surfaces en passant des grandes dents, et semé dès le surlendemain, mais c'était déjà sec." Grâce aux stocks abondants de l'an dernier, l'éleveur est couvert en maïs ensilage jusqu'en début décembre. Il a aussi une assurance contre les risques climatiques. Mais il va rapidement chercher à pallier le manque de fourrage par des achats. Et cela d'autant plus qu'il doit nourrir ses animaux depuis mi-mai, car les prairies, elles aussi, s'assèchent.
Des blés qui blanchissent
Si les récoltes d'orge devraient être plutôt satisfaisantes (lire aussi p.3), celles de blé pourraient davantage pâtir des conditions climatiques. "Depuis un mois, on voit apparaître des ronds blancs, dans les zones qui ont été matraquées lors des récoltes d'automne. Dans ces zones, les grains ne pourront pas être nourris, s'inquiète Hugues Sauloup, éleveur au Lion d'Angers. Globalement, les blés sont clairs, on n'aura pas tous les pieds semés au m2, et ils ne sont pas hauts, ce qui va poser des soucis de quantité de paille". Des blés qui blanchissent, Yann Retailleau le constate aussi dans le sud du département. L'agriculteur s'attend à une baisse de rendement pour les récoltes qui devraient démarrer en début de semaine prochaine.
Les colzas souffrent aussi : "les fortes chaleurs ont fait brûler les cultures, mais elles sont à peine mûres", constate Hugues Sauloup. Le tournesol pourrait aussi pâtir de la chaleur. Yann Retailleau attend de voir l'évolution de son tournesol : "pour l'instant, il est encore vert, mais il se recroqueville. Il pourrait mieux exprimer son potentiel s'il y avait de l'eau. Heureusement, j'ai échappé au problèmes de corbeaux !" Frédéric Bourigault, lui, n'en a pas implanté cette année, suite à la campagne difficile de 2024, où peu de surfaces avaient effectivement pu être récoltées : "on est un peu vaccinés ! D'ailleurs, au niveau de ma Cuma, il s'est fait seulement 7 ha contre 35 à 40 l'an dernier", indique l'agriculteur.