Étude Grand Ouest
L'effet céréales fait plonger les résultats en 2024
Avec des résultats courants divisés par 2 en 2024 par rapport à la bonne année 2023, quasiment toutes les productions agricoles de la région glissent vers le bas.
Avec des résultats courants divisés par 2 en 2024 par rapport à la bonne année 2023, quasiment toutes les productions agricoles de la région glissent vers le bas.



Ça n'est pas une énorme surprise, on s'y attendait, mais les chiffres issus des comptabilités agricoles des 8 AGC* Grand Ouest du réseau Accompagnement Stratégie confirment que l'année 2024 n'a pas été à la hauteur des deux années précédentes, qui avaient permis de remettre l'agriculture sur de bons rails. "Si on regarde en macro, les mauvais résultats en céréales et l'augmentation des charges ont plombé tout le monde" analyse le président de la Chambre d'agriculture de Maine-et-Loire, Denis Laizé. Et avec l'effet "végétalisation" de notre agriculture, beaucoup dévissent vers le bas de l'échelle des revenus : l'étude montre en effet qu'un agriculteur sur deux a dégagé moins d'un SMIC net (15 000 €) en 2024 et un tiers se retrouve même dans le négatif. "S'il faut toujours rester modeste dans l'analyse collective, chaque cas étant par nature particulier, reconnait le président d'AS Maine-et-Loire, Dominique Gillier, l'effet ciseaux dans la filière végétale avec des prix et des volumes en berne et des charges en hausse, explique en grande partie le recul dans bon nombre de systèmes de production". Analyse corroborée par le co-directeur de l'AGC, Jean-René Dilé : "Dans le groupe lait par exemple, le chiffre d'affaires lait a augmenté en moyenne de +15 000 € par UTA en lien avec la hausse du prix du lait, mais cette bonne performance a été gommée à 50 % par la perte de chiffre d'affaires sur les cultures de ventes". Le phénomène est analogue en viande bovine, quoiqu'un peu moins marqué.
A cela s'ajoute l'effet rattrapage des bonnes années antérieures, qui a engendré en 2024 des hausses de cotisations MSA, "beaucoup étant en moyenne triennale". Et ce sans compter l'augmentation du coût de la main d'œuvre, des fermages, des charges financières, et bien sûr, des coûts d'achats et d'entretien du matériel et des bâtiments.
Regarder les chiffres sur 5 ans
La baisse des revenus, manifeste en 2024, s'accompagne une nouvelle fois d'une hausse de la capitalisation dans les entreprises agricoles (+8% en un an). Un phénomène qui alerte les responsables sur la capacité collective à continuer à installer des jeunes demain : "Nous restons sur des métiers à perspectives d'avenir, à condition que nous conservions notre capacité à investir" réagit Dominique Gillier. Pour le président de la Chambre, il faut toutefois "regarder ces chiffres sur un pas de temps de 5 ans : On passe notre temps à vivre avec des aléas qui génèrent des hauts et des bas. Toute la difficulté dans ces conditions est de garder une posture de chef d'entreprise et de se fixer un cap". En somme, regarder sur la durée, et ne pas tout remettre en cause lorsqu'il y a un coup de moins bien, ou s'enflammer lorsque les marchés flambent.
Alerte sur 2025
A mi-parcours, l'année 2025 semble à ce stade dans le sillage de 2024, avec des moissons, certes moins catastrophiques que l'année dernière, mais avec des prix des céréales qui ne décollent pas et de fortes inquiétudes sur la disponibilité des fourrages, ce qui n'incite pas les deux responsables à un optimisme démesuré. "On voit aussi clairement aujourd'hui la crise viticole" pointe Denis Laizé. Or avec 10 % des agriculteurs angevins en viticulture, cela devrait malheureusement se traduire dans les chiffres qui seront projetés l'année prochaine. En élevage, si les productions bovines semblent présenter plus de certitudes, en dehors bien sûr des aléas sanitaires qui menacent toujours, une filière importante dans notre région comme la filière volaille va devoir redonner de la marge aux éleveurs si elle veut, comme elle le projette, répondre à la consommation intérieure croissante en construisant de nouveaux projets.