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Congrès FDSEA
Les agriculteurs dénoncent une pression croissante et permanente

Plus de 200 agriculteurs ont participé, vendredi 14 février au lycée du Fresne à Angers, au congrès annuel du syndicat. La parole a été donnée aux élus de terrain.

Les responsables cantonaux se sont exprimés à la tribune. Ici Valéry Lebouc (Noyant), venu demander à l’administration une plus grande rigueur dans le contrôle des autorisations d’exploiter.
Les responsables cantonaux se sont exprimés à la tribune. Ici Valéry Lebouc (Noyant), venu demander à l’administration une plus grande rigueur dans le contrôle des autorisations d’exploiter.
© AA

Une cocotte minute, comme  symbole de la pression que les exploitants subissent au quotidien. “Pression économique, environnementale, foncière, administrative”, a résumé Anthony Bourget (Montrevault). Le mot est récurrent dans les interventions des responsables de cantons, au dernier congrès de la FDSEA, le 14 février au Fresne. Une semaine avant les états généraux de l’agriculture, les élus de terrain ont exprimé, toute la matinée, leur préoccupations, leur colère parfois, multipliant les exemples de pressions exercées sur leur activité.

 

Le collectif et l’emploi

Représentant du canton des Ponts-de-Cé Nord, c’est Olivier Bigeard qui a pris la parole le premier. Pour lister l’avalanche de réglementations qui s’abat sur les exploitations (ZNT, compteurs d’eau, nouvelle Pac...). Pour assurer le soutien du syndicat local à un exploitant, qui “en pleine saison, a oublié de déclarer deux saisonniers et qui s’est vu convoquer à la gendarmerie, avec photos et prises d’empreintes”. L’impact financier pour cet employeur s’élève à  4 000 euros. “Quand il y a un procès verbal, les exonérations travailleurs occasionnels disparaissent pour l’ensemble des salariés, a en effet expliqué Anne Gautier, présidente de la MSA et longtemps présidente de la commission employeurs de la FDSEA.  Ceci est très préjudiciable et n’encourage pas à faire des productions employeuses de main-d’œuvre”.

Heureusement, “l’engagement d’équipes locales fait chaud au cœur”, a souligné  Olivier Bigeard. Et de rendre un hommage plus personnel : “Mon père m’a appris que le syndicalisme, la solidarité et l’adaptation étaient la base de notre métier”. La force du collectif, le travail de fond effectué souvent dans l’ombre par le syndicat, on oublie souvent de le souligner, a tenu à dire Jean-Jacques Delphin (Vihiers). Il déplore le manque d’information sur le syndicalisme dans les formations agricoles, “une grave lacune”. L’élu local voudrait aussi que le travail de négociation réalisé par les responsables FDSEA soit reconnu à sa juste valeur : “Il serait nécessaire de faire paraître l’intégralité des projets initiaux, et les agriculteurs seraient mieux à même de comprendre qu’en cédant sur quelques points, les responsables ont contribué à éviter le pire”, suggère-t-il.

Les élus ont interpellé le représentant  de l’administration Pierre Bessin (directeur de la DDT) sur la manière dont se passent les contrôles. La FDSEA a rappelé l’existence d’une charte des contrôles dans le département. Or, “aujourd’hui, les contrôleurs ne se présentent pas toujours”, a dénoncé Jean-Marc Lézé, président de la FDSEA. “Je ne transige pas sur les contrôles, a répondu Pierre Bessin. La charte doit s’appliquer”. Dans l’après-midi, le préfet de Maine-et-Loire a dit comprendre “l’irritation quand les contrôles sont multiples, non coordonnés et trop tatillons”. Et s’engage à “veiller au respect de la charte”.

Mais le problème persiste pour les contrôleurs de l’Onema, (Office national de l’eau et milieux aquatiques), qui ne sont pas sous l’autorité de la DDT et interviennent armés sur les exploitations agricoles. “Au niveau de la FNSEA, nous travaillons à l’élaboration d’une charte des contrôles”, a expliqué Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA.

 

Le foncier

A quelques  semaines des élections municipales, la question de la représentativité des agriculteurs dans les conseils se pose à nouveau. “Notre présence demeure indispensable, a souligné Guy
Caillault (Saint-Florent-le-Vieil). Indispensable pour  défendre les dossiers agricoles soumis au conseil : agrandissement d’un bâtiment, création d’un atelier porcin, mise aux normes d’une installation, création d’une réserve d’eau... “Notre présence active facilitera la reconnaissance de l’activité agricole comme activité économique en tant que telle”, souligne l’agriculteur des Mauges. Car la pression sur le foncier continue à s’exercer. Un exemple emblématique, celui de l’Atoll à Beaucouzé : “pour 7 ha de magasins, 60 hectares sont impactés”, a expliqué Paul-Bernard Rabin, (Angers Ouest).   Pour maîtriser la consommation d’espace, la FNSEA propose qu’on comptabilise le potentiel économique de production agricole qui est capté par un projet, afin de définir “une compensation agricole” (à l’image de la compensation écologique).

Alors que 2014 a été proclamée Année de l’agriculture familiale par l’Onu, et que se prépare la Loi d’avenir de l’agriculture, Valéry Lebouc (canton de Noyant),  a rappelé la réalité du terrain. Cette réalité, c’est “la récupération des terres par les propriétaires fonciers pour les faire exploiter à façon”. La course aux hectares, Didier Robin la constate aussi dans son canton de Pouancé : un prix des terres qui a pris 50 % en trois ans, “des collègues prêts à mettre 8 000 à 10 000 euros/ha, alors qu’il y a un réservoir de jeunes à installer”.

Valéry Lebouc a plaidé pour “de nouveaux outils, comme le lien entre autorisation d’exploiter et Pac”. S’adressant au directeur de la DDT, il a demandé que l’autorisation d’exploiter soit mieux contrôlée. “Vous devez vérifier si ces autorisations sont réalistes”, a insisté Emmanuel Lachaize. “Concernant le  contrôle des structures, nous ferons les vérifications, a répondu Pierre Bessin. Mais il est important que vous ayez des candidats à présenter en face, car s’il y a un seul candidat, nous devons lui laisser l’autorisation d’exploiter”.

“La Loi d’avenir doit clarifier qui est agriculteur dans ce pays”,  a insisté également Christiane Lambert.

 

L’environnement

Le classement d’une partie de l’est du département en zone vulnérable passe mal chez les agriculteurs. Beaucoup l’ont redit lors du congrès. Ils dénoncent la complexité des programmes d’action à mettre en œuvre. “Notamment pour le maraîchage, a souligné André Mabileau (canton d’Allonnes).  Pour les élevages, des mises aux normes sont à prévoir et la crainte exprimée est que certains  exploitants “jettent l’éponge et arrêtent l’élevage”. Des travaux coûteux, “pour un résultat qui ne sera pas au rendez-vous car nos rivières ne sont pas polluées”, dénonce Dominique Janus (Baugé). Une telle politique est “incohérente avec la volonté de maintenir l’élevage dans notre région, où la concurrence avec les productions végétales est très forte”, a ajouté Frédéric Lachambre, pour la région du Layon Saumurois. Le cantonal des Ponts-de-Cé Sud se pose la question du financement de ces travaux, par l’Agence de l’eau et le Conseil régional (fonds Feader). “On crée des charges,  et cela n’apporte rien en matière de qualité de l’eau ”, résume Jean-Marc Lézé.

Les sujets de précoccupation ne manquent pas en matière de gestion de l’eau. Dans le canton de Seiches-sur-le Loir, Raymond Mésange s’inquiète des conséquences de la suppression des barrages sur le Loir, dans le cadre du Sage (lire aussi p. 8). à Saint-Georges-sur-Loire, Joël Gendron dénonce l’imbroglio réglementaire empêchant l’entretien des cours d’eau et fossés et en appelle au “bon sens paysan”. à Tiercé, Pascal Poulard s’insurge contre la mise en place d’une taxe pour les propriétaires de terres limitrophes de cours d’eau.

Jean-Maurice Dupont a exprimé le “mal-être” d’exploitants confrontés à des contrôleurs particulièrement zélés. “Pourrons-nous continuer à améliorer notre environnement si nous n’avons pas la rémunération de nos productions ?”, s’interroge l’agriculteur du Louroux-Béconnais.

L’économie

La baisse des aides Pac va toucher les petites exploitations intensives des Mauges, a rappelé Jean-Luc Dupé (Beaupréau). “Une perte de 30 %”. La crainte est celle de l’abandon de l’élevage, crainte aussi exprimée par Noël Cherbonnier, du canton de Durtal, qui appelle à “sauvegarder une agriculture diversifiée à taille humaine”.

Un sentiment général de non reconnaisssance du travail, ressort, comme l’a exprimé Gérard Bonsergent (Segré) : “Quelle profession accepterait d’investir autant de capitaux pour des résultats aussi aléatoires ?”. Si l’on veut continuer à installer des jeunes, il faut “un prix rémunérateur en liaison avec le temps de travail, souligne Yannick Courillaud (Thouarcé), qui rappelle la déclaration de Serge Papin, le patron de Système U. “Pleine de bonnes intentions sur le papier, résume Alain Cholet, mais dans les faits, c’est l’inverse”. Le président de la FDL qualifie 2013 année de “rupture de confiance entre les producteurs et la transformation laitière”. “On a l’impression qu’en France le rapport de force est la seule solution pour obtenir un prix rémunérateur”, déplore Jacques Mousseau (Le Lion d’Angers). François Girard (Chemillé)  a profité de la présence d’Hubert Garaud, président de Terrena, pour adresser un “carton jaune” au président de la coopérative laitière et de la FNCL, Dominique Chargé. Faisant allusion au concept de “valeur du lait” prôné par la FNCL. “Si on n’y prend pas garde, les agriculteurs seront considérés comme des apporteurs de minerai à bon marché” prévient François Girard. L’inquiétude des producteurs de viande bovine, face à la nouvelle Pac, a été aussi exprimée par Michel Brossier, de la section bovine, qui voit  toutefois dans le logo Viande de France un signal positif en direction de la filière.

 

 


S.H.

Carte cours d’eau

Vers une simplification ?

La FDSEA a interpellé l’administration sur la nécessité de clarifier la réglementation sur les cours d’eau. Pierre Bessin, directeur de la DDT, a apporté cette réponse : “Nous proposons d’utiliser les traits continus et pointillés de la carte IGN  (qui sert pour la réglementation ZNT), pour l’ensemble des réglementations”. L’idée : “avancer vers une seule définition des cours d’eau”. Les agriculteurs vont suivre avec attention l’évolution du dossier. “Il ne faut pas que cela amène à retirer beaucoup de surfaces de production”, préviennent-ils.
Concernant l’entretien des cours d’eau* et les risques d’inondations, les difficultés liées à la réglementation ont été dénoncées devant le préfet de Maine-et-Loire. Réponse de François Burdeyron : “Le problème est surtout celui de l’artificialisation des sols. Les élus doivent éviter d’avoir toujours plus de zones d’activités” (*lire AA du 14/02/2014).

Table ronde

L’engagement, entre enrichissement
personnel et intérêt collectif

Moins de déprime et une vie plus longue. Jean-Marc Lézé, président de la FDSEA 49 a souligné les effets bénéfiques de l’engagement révélés par une étude pour lancer la table ronde du congrès de la FDSEA (voir ci-dessus). Le thème : Des hommes et des femmes de projets engagés dans leur territoire. Un engagement qui permet avant tout de faire entendre la voix des agriculteurs. Frédéric Robert, président du canton de Candé, monte une association d’agriculteurs autour du captage prioritaire Grenelle de Vritz. “On veut être acteur des programmes d’actions qui vont être mis en place.”

Etre acteur dans le monde agricole. Une idée chère à tous les intervenants. Autre point  d’accord : “c’est un héritage familial”. Comme l’explique Marc Colas, retraité agricole et président de l’Afdi : “Mon engagement, c’est le fruit de toute une histoire, mon père était un fervent syndicaliste.” Même constat pour Bénédicte Lebouc, membre des JA Pays de la Loire et éleveuse à Auverse et Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, toutes deux avaient des parents engagés dans le syndicalisme.

L’engagement, c’est un moyen de s’enrichir. Anthony Bourget, éleveur au Puiset Doré, administrateur FDL et engagé chez Terrena, a une position délicate. Il doit parfois jouer les intermédiaires pour aboutir à un consensus entre syndicalisme et coopérative.  “Si on part avec une idée au départ, celle-ci évolue au fur et à mesure des rencontres”. Autre bénéfice, la formation. “Grâce à mes responsabilités, j’ai appris beaucoup de choses. Animer des réunions, pouvoir exprimer des idées”, explique Bénédicte Lebouc. Ou encore, comme le note Christiane Lambert : “mon engagement m’a appris à me surpasser. J’ai fait des choses que je ne pensais pas pouvoir réaliser.”

La relève est-elle assurée ? Pour Marc Colas, pas de doute. “Mes trois filles ne travaillent pas dans l’agriculture mais elles sont elles-mêmes engagées dans d’autres activités. Et mes petits enfants, j’en suis sûr, s’engageront eux aussi.”

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