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Production porcine
Les éleveurs de porcs veulent relancer la marque VPF

La marque Viande porcine française (VPF) a été au cœur des discussions avec les représentants de l’aval, lors de l’assemblée générale de la FNP à Nantes cette semaine.

Éleveurs, abatteurs-découpeurs et distributeurs ont échangé sur la manière de relancer la marque VPF.
Éleveurs, abatteurs-découpeurs et distributeurs ont échangé sur la manière de relancer la marque VPF.
© LAA

Qu’est-ce qu’on peut attendre de la démarche VPF ? », s’interroge d’entrée de jeu Guillaume Roué, président d’Inaporc. « Quand la marque VPF est née en 1998, dans un contexte de crise sanitaire, il s’agissait de faire reconnaître l’exception de la filière française », a expliqué Jean-Michel Serres, président de la FNP. La mobilisation des éleveurs, des transformateurs et des distributeurs, s’est concrétisée par une démarche d’identification et de traçabilité, de l’alimentation des animaux jusqu’à la distribution de la viande de porc et des produits de charcuterie.
Aujourd’hui, la relance de cette marque est d’actualité pour bien montrer et faire savoir aux consommateurs qu’en France les conditions d’élevage sont les plus exigeantes, tant en matière d’alimentation que de respect de l’environnement. Mais il s’agit aussi que le producteur bénéficie d’une juste rémunération de ce travail. « Avant, nous étions les meilleurs concernant le coût de revient. Cet équilibre économique a changé. Nous sommes maintenant des challengers. Ce sont les Allemands qui tirent la charrette, avec des coûts de production bien inférieurs aux nôtres. Il nous manque de la valeur ajoutée. On recherche une certaine rentabilité. On va donc se protéger de l’attaque. »
Guy Émeriau, responsable de l'activité boucherie volailles chez Système U Ouest, et Patrick Maucourt, directeur du Super U de Doué-la-Fontaine, rappellent que leur structure s’est très vite engagée dans la relance de VPF. « Système U est implanté dans le monde rural. On a nos travers, mais on ne peut pas créer le désert autour de nous et rester insensible à vos problématiques », indiquent-ils.
En revanche, pour Alex Jouannis, en charge de l’activité charcuterie chez Fleury Michon, dans la logique VPF depuis plusieurs années, VPF ne doit pas être seulement un logo. « Il faut voir comment on peut faire la différence pour que le consommateur se tourne plutôt vers cette marque. Notre filière ne survivra que si on fait la différence au niveau de la qualité de la viande. » Ce à quoi les éleveurs, piqués au vif, répondent qu’ils doivent répondre sur leurs exploitations à « des impératifs économiques régis par des grilles de paiements. Si ces grilles changeaient, avec une plus-value, les éleveurs feraient le nécessaire pour avoir une viande d’une encore plus grande qualité. » Dont acte.

L’aspect proximité
Mais, attention, préviennent les représentants de Système U, que VPF ne devienne pas non plus une niche, en raison d’un prix au kilo trop élevé. « ça doit rester une segmentation au cœur du marché ». Pour Guy Émeriau, si cette marque est un gage de transparence et la signature du savoir-faire des éleveurs, sa communication auprès des consommateurs doit aussi être axée sur l’aspect proximité. Une demande, selon lui, de plus en plus forte chez les acheteurs.
Tous les acteurs de la filière présents à la tribune, dont faisait aussi partie Paul Rouche, représentant le Syndicat national des industriels de la viande (Sniv) et le Syndicat national du commerce de porc (SNCP), se disent prêts, chacun à leur niveau, à favoriser la viande de porc française. Mais Jean-Michel Serres préfère avertir ses interlocuteurs : « S’il n’y a pas de retours financiers pour les éleveurs, quel que soit le système mis en place, il n’y aura pas l’adhésion des producteurs ».

Guillaume de Werbier

Compétitivité

Réduire les écarts

Pour la production porcine française, les distorsions de concurrence sont nombreuses : les procédures d’installations classées sont beaucoup plus drastiques qu’en Allemagne. Outre-Rhin, les coûts de main-d’œuvre sont très inférieurs à ceux pratiqués en France. Pour Caroline Le Poultier, conseillère technique chargée des filières animales au ministère de l’Agriculture, « la tension est très forte sur le sujet des installations classées ». Elle invite les éleveurs à davantage « sensibiliser les élus ». À noter que des amendements à la Loi de modernisation agricole, portant sur les conditions d’agrandissement d’élevages, adopté par les députés, sont proposés, visant à une plus grande harmonisation. Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, déclare que son syndicat « soutient l’amendement 2 000 places (contre 450 places actuellement) et demande qu’on aille à la moyenne européenne. On peut avoir un plafond européen tout en étant
capable de gérer les choses sur le terrain, en fonction des priorités départementales. J’en appelle à un “véritable pacte agricole et environnemental”. On ne veut pas abandonner l’acte de production. On est prêt à faire évoluer nos pratiques mais on a besoin d’un acte politique fort ». « La production porcine est souvent agressée », estime, de son côté, Jacques Lemaître, président de la Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique. « Il faut que l’on contre-attaque avec un outil de veille et de défense, avec des juristes. »
Et Joël Limouzin, président de la FRSEA des Pays de la Loire, de regretter que « les gens veuillent bien consommer du porc, mais pas le produire sur place. Alors même que nous avons localement des outils de transformation. » Si les deux dernières années ont été difficiles pour les producteurs, la restructuration importante dans des pays du Nord et de l’Est, qui entraîne des baisses du coût de production dans ces pays et des distorsions de concurrence, inquiète tout autant Jean-Michel Serres. « La parité euro-dollar doit aider à regagner des parts sur le marché de l’exportation. Cela donnerait quelques perspectives positives pour la fin de l’année. Mais le plan d’aide a été insuffisant, notamment dans les zones à faible densité. »

Jean-Paul Goutines
Avec Guillaume de Werbier

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