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Phosphore
Les négociations au point mort

L’administration et la profession ne sont pas parvenues à un accord.

Depuis six mois, les rencontres avec l’administration au sujet du phosphore se multiplient. Après un rendez-vous avec le préfet de Région, avec les préfets départementaux, plusieurs échanges techniques, puis deux rencontres régionales depuis septembre, les élus FRSEA, JA et Chambres d’agriculture, délégation menée par Joël Limousin et Christian Aimé, viennent à nouveau de rencontrer la Draaf et la Dréal mardi dernier. L’idée d’une gestion équilibrée du phosphore jusqu’à un plafond de 100 kg de phosphore par hectare de SAU sur la plus grande partie du territoire fait son chemin. Mais l’administration n’est pas à l’écoute sur les bassins à enjeu phosphore (zonage qui reste à définir), et propose un système complexe et trop rigide. Pourtant la position des professionnels a évolué vers des mesures différenciées en fonction de bassins versants où un problème de qualité de l’eau d’origine agricole est avéré. Une contre-proposition a été faite en ce sens avec un argumentaire technique à l’appui.
Arnaud Jeanson fait le bilan : « L’administration, retranchée derrière le risque juridique, reste inflexible même si elle reconnaît que l’application d’un équilibre basé sur les exportations strictes des cultures pourrait avoir des effets négatifs sur l’environnement. Depuis six mois, nous apportons des arguments techniques, environnementaux et économiques pour expliquer le fonctionnement du phosphore dans le sol, pour démontrer à l’administration les contre-effets du Sdage. Nous proposons des diagnostics et des mesures anti-transferts, nous avons admis le principe d’une distinction entre les zones à enjeux et sans enjeux, et proposons d’inclure les ICD (Installations classées soumises à déclaration) dans le dispositif pour plus d’efficacité environnementale. Cette main tendue n’aboutit pas à des propositions satisfaisantes. ». Conclusion de cette dernière rencontre : « Nous ne pouvons  pas aller plus loin. Si la position de l’administration régionale n’évolue pas, nous porterons le débat au niveau national ».

Marie Calmejanne, FRSEA
Sarah Petiard-Colombié,
Chambre Régionale Agriculture

Équilibre de la fertilisation en phosphore

Remise en cause des effectifs animaux, inflation des surfaces épandables, et contre-effets environnementaux

Depuis début 2010, le Sdage* Loire-Bretagne impose l’équilibre de la fertilisation en phosphore aux ICA**, lors d’un nouvel arrêté ou d’une modification de leurs arrêtés individuels. L’objectif est de préserver la qualité de l’eau, et en particulier d’éviter l’eutrophisation. Sur la plus grande partie du territoire régional, les exploitations concernées peuvent bénéficier d’un délai de 5 ans pour atteindre cet équilibre. Mais pour les bassins du Ribou (49), de la Bultière (85), de la Chapelle-Erbrée et de la Valière (53), l’équilibre doit être atteint dès fin 2013 pour toutes les ICA. Les conséquences sont particulièrement importantes pour les élevages de volailles et de porcs, étant donné la teneur importante en phosphore dans ces effluents.
Exemple : un éleveur avec 2 ateliers de volailles et des vaches allaitantes, sur 89 ha, dont plus de 70 % de prairies. La production de phosphore est de 93 unités par ha de SPE***, et les exportations par les cultures sont de 52 unités par ha de SAU. Si l’éleveur applique une fertilisation équilibrée en phosphore basé sur les seules exportations, le solde en phosphore annuel de son exploitation est de
3 384 unités. Il devra donc trouver une surface épandable complémentaire de 43 ha à 67 ha selon l’assolement du tiers. L’exportation de 140 tonnes de fientes induira un déficit azoté de 6140 unités sur l’exploitation qu’il devra compenser par l’achat d’engrais minéral. Il peut également être tenté de retourner une partie de ses prairies, et les remplacer par des cultures qui exportent plus de phosphore. Un effet pervers en contradiction totale avec l’objectif premier de la réglementation.
Autre exemple : un éleveur laitier en agriculture biologique qui voudrait débuter un atelier volailles pour installer un jeune. L’éleveur devrait trouver 20 ha supplémentaires de surface épandable sur des parcelles en AB. Et les exportations des fientes devraient être compensées par l’achat de 3 800 unités d’azote sous forme de farine de plumes ou de sang, remettant en cause sa rentabilité.
* Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux.
** Installation classée soumise à autorisation.
*** Surface potentiellement épandable.

Réaction

« À cause de cette réglementation inadaptée, des dossiers ICA sont bloqués, remettant parfois en cause l’installation d’un jeune. C’est la course aux surfaces épandables, et on risque d’avoir des effets négatifs à la fois sur la rentabilité des exploitations et sur l’environnement. On
finit par se demander si l’administration ne veut pas diminuer l’élevage. C’est inacceptable », s’indigne Joël Limouzin, président de la FRSEA des Pays de la Loire.

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