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Élevage
Les producteurs de viande bovine passent à l’offensive

Suite à l’action des producteurs de viande, le ministère de l’Agriculture a décidé de nommer un observateur qui assistera aux réunions de travail présidées par l’interprofession.

Lundi matin, 4 heures. Comme partout en Bretagne et dans la région des Pays de la Loire, les éleveurs sont venus bloquer les abattoirs de viande bovine. La mobilisation est forte, car l’enjeu est de taille. Cela fait plusieurs semaines que les cours de la viande bovine restent obstinément à la baisse, alors que les charges augmentent dans les exploitations et que les prix à l’étal restent stables. En l’occurrence, les éleveurs considèrent être les sacrifiés de la LME (Loi de modernisation de l’économie) – ils ont d’ailleurs interpellé les élus et les pouvoirs publics, à ce sujet, le 7 novembre dernier. Par contre, « ces dispositions profitent au premier chef à la distribution et aux abattoirs. Tandis que le consommateur ne voit pas baisser les étiquettes », estiment-ils.

Faire respecter les modalités de pesée des animaux
Pour occuper les sites, les éleveurs se sont organisés. « Leur mobilisation montre bien leur détresse », commente Mickaël Bazantay, responsable de la section bovine FDSEA et administrateur FNB. Des roulements d’équipes ont été organisés pour assurer une occupation non-stop des lieux. Tracteurs, palettes, pneus… et éleveurs, autant d’obstacles qui empêchent les camions de transport de franchir les grilles des usines. Pourquoi cette colère ? D’abord un manque de transparence dans la pesée, la conformation et le marquage des carcasses. Le fait n’est pas nouveau ; ce sujet a déjà été évoqué face aux abattoirs en avril et en octobre derniers ; l’administration a adressé 180 appels à la réglementation aux abattoirs et 20 procès- verbaux ont été transmis aux Procureurs de la République. Ce non- respect des classements, pourtant validés en interprofession, obère les prix payés aux producteurs jusqu’à 10 % de variation sur le poids. La perte est évaluée à 10 kg par carcasse pour ce qui concerne la présentation des carcasses et à 10 centimes d’euros par kg pour ce qui est du classement, soit en moyenne, pour un bovin, un manque à gagner de 75 euros. « L’utilisation de la machine à classer éviterait ces différences », indique le responsable professionnel Alain Denieulle, qui poursuit : « Il n’y a aucune raison pour que les jeunes bovins charolais, par exemple, soient cotés différemment selon l’abattoir. Si la courbe de Gauss se déplace, c’est qu’il y a triche ». L’objectif de l’opération est donc double : faire respecter les modalités de pesée des animaux et stopper, dans un premier temps, la spirale à la baisse. « Déjà, il n’y a pas eu de cotation cette semaine ». Ensuite, faire repartir les prix à la hausse. « Cela prendra quelques semaines, admet Alain Denieulle, mais l’arrêt de la baisse serait déjà vu comme un encouragement ». Si tous les sites ont été concernés, lundi matin, par le blocage, une entreprise est particulièrement visée. Principal incriminé, Bigard, qui représente à lui seul 50 % du marché. Le mardi midi au Lion d’Angers, devant l’usine Soviba Viandes, le blocus a été levé après une rencontre entre une délégation de responsables professionnels et ceux de Soviba, dont le président, Philippe Martineau. « Soviba s’est engagé à continuer à respecter les accords pour la PCM (pesée, conformation, marquage. Philippe Martineau s’est également engagé à nous soutenir dans notre demande de prix à la hausse », relate Alain Denieulle. « Une entreprise a accepté de discuter avec nous en direct. C’est un signe fort », apprécie de son côté Mickaël Bazantay. « On ne s’est pas mobilisés pour rien ». L’étau s’est alors resserré sur l’entreprise Bigard. « Ce n’est pas parce qu’on est le géant de la viande qu’on peut faire n’importe quoi », s’indigne Mickaël Bazantay.

Les éleveurs sur leurs gardes
La condition préalable de Jean-Paul Bigard pour revenir à la table des négociations était de lever le blocus les sites. Ce que les agriculteurs ont accepté pourvu que les assignations au tribunal soient levées. La réunion parisienne s’est alors tenue sous l’autorité de Michel Cadot, directeur de cabinet du ministre de l’agriculture, entre le président de la FNB, Pierre Chevallier, son vice- président Guy Hermouet et Jean-Paul Bigard. Afin de lever l’ambiguïté sur la remise en cause récurrente des critères inscrits dans les accords interprofessionnels, Michel Cadot a décidé de nommer un observateur qui assistera aux réunions de travail présidées par l’interprofession. L’idée de rendez-vous pour anticiper les difficultés de marché a également été évoquée. Un rapport d’étape est prévu fin janvier. « C’est une bonne chose, car le respect des accords professionnels couvrirait une partie de notre manque à gagner », explique Mickaël Bazantay qui convient toutefois que « cela prendra quelques semaines pour se traduire en espèces sonnantes et trébuchantes dans les trésoreries des éleveurs. Mais au moins, les suspicions seront levées et on pourra alors se battre sur les prix ». La mobilisation des éleveurs n’est donc pas éteinte. Ils restent sur leurs gardes. Car les responsables professionnels - et tous les éleveurs - suivront de très près les évolutions de tarifs d’une part, mais aussi du dossier, qui devront se traduire par des avancées concrètes. Et il ne faudra pas grand chose pour rallumer la flamme du mécontentement et repartir à l’action.

M.L.-R.

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