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SYNDICAL
L’organisation, préalable à la contractualisation

Le congrès de la FDSEA se déroulera le mardi 15 février à Andard. Il aura pour thème “Notre revenu par les prix : avant tout, un rapport de force”. Interview des trois intervenants.

Louis-Luc Bellard.
Louis-Luc Bellard.
© AA

Louis-Luc Bellard, président de la coopérative Vergers d’Anjou.

Organiser l’offre dans un marché libéralisé

Le décret de contractuali-sation en fruits et légumes doit entrer en application le 1er mars prochain. Votre avis sur ce dispositif ?
Louis-Luc Bellard : ce dis-positif, tel qu’il est conçu aujourd’hui, ne concerne pas les coopératives mais uniquement les relations entre les producteurs expéditeurs et leurs acheteurs.

Est-ce à dire que la contractualisation ne vous concerne pas ?
Au contraire. La contractualisation entre la coopérative et ses adhérents existe depuis longtemps. Si je prends l’exemple des Vergers d’Anjou et de ses 50 producteurs de pommes (auxquels s’ajoutent 50 producteurs de cerises et de cassis), l’union commerciale formée avec quatre autres coopératives du bassin ligérien permet la concentration de l’offre. Ce regroupement nous positionne comme le troisième groupe français. C’est cette force d’organisation qui peut conquérir des marchés par sa capacité à proposer des variétés, des volumes, des périodes de commercialisation. Mais, le tout, dans un marché européen et mondial très libre. Et donc avec un prix qui reste lié à l’offre et la demande.

Le secteur évolue donc dans un marché libre.
Faisons un peu d’histoire. Le secteur des fruits et légumes est libéralisé depuis longtemps. Les soutiens ont consisté, jusqu’en 1997, en une politique des retraits qui a été remplacée alors par l’OCM. C’est à ce moment-là qu’est apparue la notion d’OP, les organisations de producteurs. Mais les restructurations qui ont été conduites ne se sont pas révélées suffisantes, notamment parce que le marché de la pomme est très variable, du fait des conditions climatiques, bien sûr, mais aussi parce que le contexte a changé. Un seul exemple : la Pologne, qui produisait quantité négligeable il y a dix ans, a pesé trois millions de tonnes en 2009 grâce à la mise en place d’outils performants financés à 80 % par l’Union européenne. Alors que, dans le même temps, le verger français diminuait de 30 %.

Pour vous, l’organisation de la production reste l’étape indispensable avant toute contractualisation ?
Absolument. Et il reste sans doute à faire, en pommes notamment, si on compare avec l’Italie, trois structures seulement pour le même volume national. En France, on est encore 50, sans compter les indépendants, dont certains arrivent très bien à résister grâce à des marchés locaux.

Comment voyez-vous l’inter-profession dans tout cela ?
L’interprofession ne s’implique pas du tout dans les mécanismes de fixation des prix. Son rôle concerne seulement les campagnes de promotion, les dates de mise en marché. Et je pense qu’il ne peut pas aller au delà, ne serait-ce qu’en raison de la diversité de nos produits : 15 variétés de pommes, 8 ca-libres, 3 niveaux de qualité.

Finalement, ce contrat que propose la Loi de moder-nisation n’aura que peu d’impact en production arboricole.
80 % des producteurs de pommes sont d’ores et déjà organisés en OP, donc, a priori pas concernés. Ce que je préfèrerais, de la part du ministre, c’est qu’il annonce des mesures vis-à-vis des distorsions de concurrence. Ce dont la profession a besoin, c’est d’une véritable politique qui permette de travailler tous à armes égales dans un même marché européen et mondial.

Michel Guernevé, producteur de porcs à Locqueltas (56) et président de la Cecab (Centrale des coopératives agricoles bretonnes).

Investir dans l’aval

Une organisation de producteurs, pour vous président de coopérative, c’est quoi ?
Michel Guernevé : je pense que limiter une OP à des relations entre les producteurs et le groupement, ce n’est plus une organisation suffisante. La question aujourd’hui qui se pose est de se demander si on laisse le producteur tout seul face aux variations de prix ou si on a une approche collective, au sein de la filière.

Pourquoi élargir à toute la filière ?
Parce que les trois opérateurs principaux en production porcine représentent 70 % du marché et ne pèsent pas encore assez par rapport à leurs clients. Et à cela s’ajoute le manque de compétitivité française. Pour que les producteurs de porcs s’en sortent, il faut prendre conscience que l’on ne vend pas des cochons mais des jambons, des saucisses et des côtelettes. C’est là qu’est la valeur ajoutée. C’est cela que les consommateurs achètent. Il faut donc investir dans la filière et les outils industriels. C’est ce que propose la Cecab.

La production porcine est déjà bien structurée en organisations de producteurs. Toutefois cela ne la met pas à l’abri de la crise.
Effectivement, la production porcine traverse une situation de plus en plus grave mais les difficultés sont dues à l’embal-lement du prix des matières premières qui vient directement impacter le prix de l’aliment.

Sur quel prix se baser ?
Le MPB (Marché du porc breton) est un outil de cotation. C’est le marché de la viande, et rien que le marché qui fait le prix. Et face à ce marché, la seule réponse est l’organisation de toute la filière. Tant que ce rapport de force n’est pas instauré pour nous permettre de discuter avec la GMS, on restera des marchands de cochons.

Pascal Nizan, président de l’AEBEA (Association Éleveurs Bretagne Entremont Alliance).

Retrouver du pouvoir à travers les OP

La production laitière semble avoir un temps d’avance sur la notion de contractuali-sation. En la matière, quel rôle assignez-vous à l’inter-profession ?
Pascal Nizan : l’interprofession a pour objet de donner des références, des indicateurs aux différents partenaires de la filière afin qu’ils disposent d’éléments probants sur l’évolution des marchés. L’interprofession peut aussi proposer des contrats- type que chacun discute ensuite au sein de son entreprise.

Dans ce schéma, les OP doivent-elles aussi évoluer ?
L’Union européenne nous propose un schéma plus libéral. Dans ce contexte, les OP doivent être les interlocuteurs des industriels. Mais cette évolution va se faire en deux temps. D’abord, il s’agit de fédérer les laitiers au niveau de l’entreprise et l’OP aura mandat de négociation sur la base des indicateurs déclinés en interpro-fession. Ensuite, on pourra passer à l’échelon supérieur en fédérant ces OP dans un organisme territorial. C’est la gestion par bassin qui n’exonère pas la structure de considérer l’ensemble de la production laitière.

Un calendrier est-il fixé pour la mise en place de cette organisation ?
Au niveau de la FNPL, nous souhaitons que les producteurs soient fédérés courant 2011 pour ce qui est des entreprises privées. Ce type d’organisation est déjà en place dans les coopératives. Pour autant, une plus grande reconnaissance de l’amont y est sans doute nécessaire.

 

Propos recueillis par M. L.-R.

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