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Antoine d'Amécourt, agriculteur et sylviculteur à Avoise (72), président de Fransylva*
On nous empêche d'intervenir au nom de la protection de la biodiversité

Antoine d'Amécourt
Antoine d'Amécourt
© agri 72

Quel regard portez-vous sur les incendies de forêts qui se multiplient dans notre pays, et en particulier sur celui qu'on a qualifié de "méga-feu" début août dans l'Aude ?

D'abord je suis très agacé du discours ambiant, largement relayé dans les médias, qui relie ces événements malheureux au réchauffement climatique. La forêt, comme l'agriculture, est certes victime du réchauffement climatique, mais je tiens à rappeler que 90 % des incendies de forêts sont provoqués par des activités humaines, criminelles ou non. Il n'y a qu'à se balader au bord des routes pour voir le nombre de mégots de cigarettes qu'on peut y trouver !

N'y a-t-il pas tout de même par endroit des problèmes d'enfrichement ?

Bien sûr, et d'ailleurs, la déprise agricole dans certaines régions viticoles du Sud de la France est un facteur aggravant : autant les parcelles entretenues ont pu jouer un rôle coupe feu crucial, autant celles laissées en friche ont brûlé comme le reste. Il y a aussi l'obligation légale qui est faite à chaque propriétaire de débroussailler au minimum à 50 m des maisons d'habitation, et qui n'est pas respectée les trois quarts du temps. Enfin, concernant les forestiers, nous buttons sur un problème réglementaire qui fait que passé le mois de mars, le code de l'environnement, en particulier l'article L411-1, nous empêche d'intervenir au nom de la protection de la biodiversité. C'est une aberration : quand on prend une année comme celle-ci, avec un hiver humide qui nous a empêché de passer dans les parcelles, un printemps où on est empêchés par la réglementation, et un été où des arrêtés préfectoraux nous ont interdit de travailler en forêt à cause des risques incendies, mettez-vous à la place d'un entrepreneur qui a investi dans une abatteuse qui coûte à peu près 800 000 € et qui ne peut travailler que 3 mois dans l'année... Il va falloir arrêter dans ce pays de laver plus blanc que blanc. Je ne connais pas un seul forestier dont l'objectif serait de détruire la biodiversité. En revanche, quand 16 000 ha de forêt brûlent, la biodiversité, il n'y en a plus !

Que proposez-vous concrètement ?

Après les incendies de 2022, nous avons porté 5 propositions concrètes. Premièrement, que tous les départements soient équipés de systèmes de vidéosurveillance pour détecter les départs de feux, comme c'est le cas en Sarthe, dans le Maine-et-Loire et dans l'Indre-et-Loire. Deuxièmement, le fait de rendre obligatoire les extincteurs dans les voitures, comme c'est le cas en Allemagne ou en Belgique. Troisièmement, qu'on nous libère des réglementations sur les périodes autorisées ou non pour l'entretien des forêts. Je précise au passage que si on veut entretenir nos forêts, il faut des débouchés. Or si on regarde le Sud de la France, les écolos ont tout fait pour faire fermer la centrale biomasse de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, qui était un vrai débouché pour la gestion de la forêt méditerranéenne. Moi je préfère voir fumer les cheminées de Gardanne que la fumée des incendies qui ravagent nos forêts... Quatrièmement, il y a des règles d'urbanismes à faire respecter, comme l'obligation de débroussaillement, et d'autres à revoir. Par exemple, il faudrait a minima une voirie entre la forêt et les lotissements, ne serait-ce que pour les accès pompiers. Enfin, cinquième point, il faut qu'on crée un peu partout sur le territoire, dans les zones forestières comme agricoles, des réserves d'eau, avec des accès pour le pompage. En 2022, 30 départements se sont retrouvés en limite d'approvisionnement pour l'eau potable. Cela veut bien dire qu'on ne pourra pas toujours pomper sur les bouches d'incendies. Soyons un peu pragmatiques ! Les réserves multiusages sont une solution qu'il devient urgent d'explorer.

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