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Energie
Photovoltaïque : ils ont opté pour l'autoconsommation

Profiter de leurs grandes surfaces de toiture pour produire de l'électricité et l'auto-consommer, c'est ce qu'ont choisi ces exploitants avec des besoins spécifiques en énergie.

Maraîcher depuis 1998 à Longué, Frédéric Poupard produit asperges, tomates, fraises, patates douces et courges. Le maraîcher a effectué ses premières années d'activité dans les anciens bâtiments de la ferme familiale, puis a construit son premier bâtiment en 2010, suivi de plusieurs autres depuis, formant un ensemble de 7 000 m2 dédié à la réception, au conditionnement, au stockage des légumes en chambre froide et à celui des matériels. « Dès la construction du premier bâtiment, nous avons profité des incitations gouvernementales pour installer des panneaux photovoltaïques, explique-t-il. Le tarif de reprise de l'électricité était très intéressant, à 60 cts d'euros/kwh ».

À partir de là, tous les autres bâtiments ont été couverts. « Même lorsque la filière s'est cassé la figure et que le photovoltaïque est devenu moins lucratif, nous avons continué à accompagner nos projets de couvertures photovoltaïque, car nous voulions une homogénéité sur la ferme » . À ce jour, la puissance installée est de 950 kWc, pour une surface de panneaux de 6 000 m2

Une économie de 4 500 euros par an 

Il y a 4 ans, Frédéric Poupard a monté son premier projet en autoconsommation, avec GPWatt. Une installation d'une puissance de 40 kWc, avec vente du surplus. Frédéric Poupard est satisfait d'avoir pu opérer ce premier pas vers plus d'autonomie énergétique : « cela nous prépare un peu à l'avenir » , se dit-il. Désormais, l'été, l'exploitation consomme 90 % de l'électricité produite par cette installation. Cela sert pour les chambres froides, l'irrigation des cultures, les bureaux... L'électricité non consommée l'été est réintroduite dans le réseau, et rémunérée au producteur au tarif de 6 ct/kWh seulement. Il y a donc tout intérêt à optimiser l'autoconsommation. Frédéric Poupard a calculé que cette part d'autoconsommation lui permettait de réaliser une économie de 4 500 euros par an sur sa facture d'électricité.

Nouvelle étape, depuis une quinzaine de jours, la puissance en autoconsommation a été augmentée pour atteindre 240 kWc au total, en prévision de la construction de nouveaux bâtiments. Sur ce dernier contrat, le tarif de rachat est nettement plus intéressant (12,5 ct/kWh) et cela donne de la souplesse, permettant d'être à la fois autoconsommateur et vendeur.

« Je fais du photovoltaïque sur les bâtiments dont j'ai besoin, je m'arrange pour qu'ils soient au maximum orientés sud, tout en conservant le maximum d'esthétisme. Mais je n'ai jamais construit uniquement pour faire du photovoltaïque » , souligne Frédéric Poupard. Quant à l'autoconsommation, elle a ses limites puisqu'elle est liée aux périodes d'ensoleillement : « l'idéal, ce serait de pouvoir stocker l'électricité pour s'en resservir la nuit pour nos chambres froides, par exemple ! ».  

Poules et ovoproduits gourmands en énergie

La SCEA Ovomauges, à Neuvy en Mauges, a elle aussi fait le choix du photovoltaïque en auto-consommation. L'exploitation dirigée par Olivier Traineau élève des poules pondeuses (170 000 poules sur 3 sites) et a un atelier de transformation des œufs en ovoproduits, vendus ensuite à l'entreprise Pasquier. « Pour pasteuriser l'œuf, on doit le chauffer puis le refroidir, ces opérations sont gourmandes en énergie », explique-t-il. De même que les bâtiments d'élevage en ventilation dynamique et le système de séchage des fientes.

L'exploitation a commencé à produire de l'électricité photovoltaïque en autoconsommation dès 2018 et actuellement, elle a une installation de 200 kWc en auto-consommation, sur deux sites, ainsi qu'une installation de 100 kWc sur un site en injection dans le réseau. « On auto-produit 15 à 20 % de nos besoins électriques », calcule l'aviculteur. L'exploitation utilise 100 % de l'énergie photovoltaïque qu'elle produit.

Adaptation d'un vieux bâtiment

Sur un des sites équipés (154 kWc), un ancien bâtiment d'élevage des années 80 en toit fibrociment reconverti en local de stockage, il a été nécessaire d'adapter la toiture, et cela a entraîné des coûts. « Il a fallu effectuer tout un travail préparatoire, que j'ai fait en grande partie moi-même, explique Olivier Traineau. Redresser la charpente, retirer les plaques en fibro-ciment et les faire évacuer, poser les bacs acier, faire réaliser les tranchées pour les câbles, faire élaguer des arbres...» : un total de 85 ct par kWc installé, sans compter la main-d'œuvre.

Un contexte moins encourageant

L'intérêt pour l'auto-consommation est fluctuant et dépendant des tarifs de l'électricité. Sur son plus gros site de production, OvoMauges payait l'électricité, en 2022, 14 ct/KWh et en 2023, le tarif a bondi à 26 ct/KWh. « En deux ans, +14 ct du kWh, pour 500 000 kWh de besoin énergétique sur l'exploitation, cela fait 70 000 euros de surplus sur la facture ! », calcule Olivier Traineau. « Ce qui s'est passé en 2023 nous a incité à avoir davantage d'autoconsommation. Grâce à cette autoconsommation, nous avons économisé 20 000 euros. Mais en 2026, avec la baisse du tarif jaune EDF, qui va rejoindre le prix de vente du surplus, ça pourrait être moins profitable ».

L'autoconsommation a en effet connu un regain d'intérêt au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine et de la flambée des tarifs de l'électricité. Mais aujourd'hui, elle devient moins pertinente, en tout cas à court terme, indique Etienne Sauvage, responsable de GP Watt, installateur en photovoltaïque basé à Chemillé en Anjou : « depuis 6 mois, on dépose moins de dossiers en autoconsommation, mais principalement en vente totale. Car aujourd'hui, il y a beaucoup d'énergie solaire sur le réseau européen, avec des périodes d'excédents en kWh. Le coût de l'électricité a fortement baissé et l'autoconsommation, dans ce contexte, est économiquement moins avantageuse. Mais la situation pourrait être différente d'ici 4 à 5 ans ».

Stocker l'électricité ?

Sur le long terme, l'auto-consommation permet de lisser les frais énergétiques et de s'assurer d'une certaine autonomie. Comme Frédéric Poupard, Olivier Traineau aimerait plus de souplesse dans l'utilisation : il voudrait pouvoir stocker l'électricité produite « ne serait-ce que sur 24 heures », et pourquoi pas, recharger des véhicules électriques directement sur son installation photovoltaïque...

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