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Interview
Pour Mickaël Bazantay, l'avenir de la viande bovine se joue maintenant

Le responsable de la section bovine de la FDSEA et administrateur de la Fédération nationale bovine (FNB) dénonce le raisonnement à court terme de l’aval.

Mickaël Bazantay : “Le moral des éleveurs n’est pas au beau fixe et la sécheresse renchérit leur inquiétude”.
Mickaël Bazantay : “Le moral des éleveurs n’est pas au beau fixe et la sécheresse renchérit leur inquiétude”.
© AA

Comment se porte la production bovine ?
Mickaël Bazantay : pas très bien, c'est le moins qu'on puisse dire. On a mis trois ou quatre mois à gagner 30 centimes et voilà qu'en trois semaines, avec la chute des cours, on perd l'équivalent. Le moral des éleveurs de viande bovine n'est donc pas au beau fixe, d'autant que la sécheresse renchérit leurs inquiétudes.

Pourquoi cette chute des cours ?
Les travaux ont débuté fin avril, de façon précoce et à présent les éleveurs se replongent dans leurs comptes. Au vu des difficultés économiques et de la menace de manque de fourrage, des éleveurs décident de ne pas garder leurs bêtes. Les abattoirs qui disaient manquer d'animaux en avril invoquent aujourd'hui une offre supérieure aux besoins. Et là, on assiste à une grande braderie.
De plus, des marchés sur les pays tiers nous échappent : la Turquie a augmenté ses droits de douanes et diminue ses importations d'animaux. Du coup, l'Allemagne qui est plus performante se replie sur l'Italie privant ainsi la France de ses parts de marchés. Et là aussi, avec les pratiques commerciales hallucinantes : on voit des concurrents qui n'hésitent pas à baisser de 15 à 20 centimes le kilo carcasse.

Le Gie export proposé par la FNB dans le cadre de l'interprofession constituait un espoir. Votre avis sur le sujet ?
L'idée première du GIE export était d'aller à la conquête de marchés nouveaux de façon organisée. Mais les entreprises veulent jouer en solo, à croire que tout va bien pour elles. Ce qui marche en céréales, avec des mises en place communes entre les entreprises n'est pas possible, en France, apparemment pour les entreprises de viande.  Et ce qui me rend d'autant plus furieux, c'est que certaines de ces entreprises ont mis en place, voici dix ou quinze ans, des structures de regroupements de l'offre, notamment sur le marché du maigre. Mais dès lors que la proposition émane de l'interpro-fession, sur une idée du collège production, il semblerait que cela ne leur soit plus possible.

Quelles marges de manœuvre reste-t-il ? Qu'espérez-vous ?
Coop de France devrait présenter une nouvelle proposition. Nous avons évoqué le sujet avec les responsables d'Élivia (coopérative Terrena) que nous avons rencontrés récemment.

Lors de votre rencontre avec le préfet de Maine-et-Loire, le mois dernier, a été évoquée la possibilité d'un recours au médiateur, pour les éleveurs les plus en difficulté. La procédure est-elle opérationnelle ?
Le dispositif, pour intéressant qu'il soit – il est pratiqué dans les autres secteurs d'activité – n'a pas vraiment cours en agriculture. Qui plus est, il n'entre pas dans un cadre syndical, collectif, puisqu'il relève d'une démarche individuelle. Le médiateur traite les dossiers au cas par cas. La section bovine et la FDSEA peuvent bien évidemment inciter les éleveurs de viande bovine à y avoir recours. Mais rappelons la procédure : pour faire appel au médiateur, il faut qu'il y ait eu refus de la banque. Et la réalité du terrain est celle-là : les éleveurs ménagent en quelque sorte les banques et la MSA en temporisant le paiement de leurs factures. Ce sont les fournisseurs qui attendent. Cela n'entre donc pas dans les critères de la médiation et les banques peuvent dire : "Des difficultés, où ça ?"

Diriez-vous que le secteur de la viande bovine est dans une impasse ?
Cela fait plus de quatre ans que la viande bovine traverse des difficultés. Ne parlons plus de crise conjoncturelle, mais bien de crise structurelle encore aggravée par la sécheresse cette année, sans oublier 2010. Le ministère reste sourd. Il ne veut pas ou il ne peut pas aider alors que des solutions sont trouvées pour certains secteurs. Mais pas pour la viande bovine, apparemment. Alors, s'il faut disparaître, qu'on nous le dise. Mais dans ce cas, les éleveurs de viande bovine ne seront pas les seuls à quitter la scène. C'est aussi l'avenir de nos outils de transformation qui est en jeu. Quelle pérennité pour leurs approvisionnements ? Quel avenir pour leurs emplois ? Le silence ou l'inaction de nos entreprises relèvent du raisonnement à court terme.

M. L.-R.

COURS

Stockage et export

La chute des cours semble inévitable alors que le prix de l’alimentation du bétail va rester à des prix élevés. La sécheresse n’est pas que française et les professionnels anticipent déjà des cours des céréales à des prix records. Pierre Chevalier a déjà  envisagé avec le ministère de l’Agriculture la possibilité d’un stockage de la viande comme cela s’est produit fin janvier pour le porc. L’export aura également une influence non négligeable pour écouler cet afflux prévisible de viande sur le marché français. En effet, en jeunes bovins comme en broutard, l’export permet de maintenir un minimum les prix.

GIE EXPORT

La recherche de nouveaux marchés

Le 18 janvier dernier, Pierre Chevalier, président de la Fédération nationale bovine (FNB), avait annoncé la volonté de la FNB de créer ce GIE pour conquérir de nouveaux marchés à l’export. Tout au long de 2010 et au début de 2011, l’export a joué positivement sur le marché de la viande bovine. Le 29 avril, “les présidents du SNIV-SNCP, de Coop de France bétail & viande et de la Fédération des commerçants en bestiaux (FFCB) ont adressé un courrier au président d’Interbev, Dominique Langlois, indiquant qu’ils n’approuvaient pas, en l’état actuel du projet présenté, la constitution d’un GIE Export”. Selon eux, “la création d’une structure statutairement dotée de la capacité à s’ingérer dans les affaires économiques et commerciales des entreprises” n’est pas la bonne réponse pour améliorer l’efficacité du commerce extérieur de la filière”. Et seraient plus favorables à “une structure légère n’ayant pas vocation à s’ajouter aux différents services existants déjà et ayant le même objet.”
La question a été soulevée lors de l'assemblée générale de Urgo, à Rennes, le 12 mai dernier. Aux questions des éleveurs, le président de la section bovine de Coop de France, Guy Mériau, a confirmé cette position : "Ce qui nous pose problème, c'est l'aspect commercial et le système de gouvernance de ce futur GIE". Coop de France a annoncé une prochaine et nouvelle proposition. Dans un communiqué, Jean-Marie Gabillaud, le président de Coop de France ouest, ne dit pas autre chose en réponse au courrier adressé par JA Ouest : "Oui à une démarche commune à l'export, non à un nouvel outil commercial".
Le président d’Interbev, en déplacement à Shangaï, le 16 mai dernier, insiste sur l’utilité d’un GIE export. “Nous avons besoin d’une structure légère, qui ne remplace pas Sopexa ni Ubifrance, mais qui travaille en association avec eux. Nous n’avons pas besoin d’une structure qui embauche des représentants dans chaque pays, mais qui collabore avec Sopexa, Ubifrance, la Direction générale de l’agriculture et de l’alimentation (DGAL), la Direction générale des politiques agricoles et agroalimentaires et des territoires (DGPAT), FranceAgriMer”, explique Dominique Langlois. Pour Pierre Chevalier, convaincu de la nécessité du GIE, “il serait irresponsable de ne pas aller au bout”.

AGRAPRESSE

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