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Lait
« Un contrat partagé permet une relation gagnant-gagnant »

Pour faire face à la nouvelle donne économique et politique, la Fédération départementale laitière soutient les propositions de la FNPL pour une politique contractuelle équilibrée.

Alain Cholet, président de la Fédération départementale laitière. 
Alain Cholet, président de la Fédération départementale laitière. 
© AA

Est-il encore possible de conserver les quotas ?
Alain Cholet, président de la Fédération départementale laitière : La FNPL a défendu fermement les quotas lors des discussions sur la réforme de la Pac en 2003, mais les 27 États- membres, à l’unanimité, ont acté la fin des quotas pour 2015 et l’ont confirmée lors du bilan de santé de la Pac et dernièrement lors de leur sommet en juillet. Même en Allemagne, au mois de mai 2009 où la situation des producteurs de lait était pourtant déjà très difficile depuis plus d’un an, les ministres allemands des différents länders ont confirmé la fin des quotas en 2015, refusant de parler de quotas variables ou de baisse de quotas d’ici 2015. Nous avons dit et nous répétons que ce choix européen est une erreur politique. Mais il faut être lucide,  la position est sans équivoque. Nous avons donc fait le choix d’utiliser notre énergie à inventer un système de remplacement.

Ni remède miracle, ni gros mot
Pourquoi parler aujourd’hui de contractualisation alors que la fin des quotas, c’est 2015 ? L’Europe a décidé d’augmenter régulièrement la production pour se préparer à la fin des quotas. C’est ce qu’elle appelle « un atterrissage en douceur ». À cette décision, s’ajoute la  crise économique mondiale ce qui rend le quota inadapté à la demande. L’équilibre offre-demande, la FNPL l’a toujours réclamé et a même obtenu du ministre pour cette campagne, le gel des allocations de fin de campagne et du quota supplémentaire de 1 %. Mais c’est insuffisant et comme l’Europe ne veut plus assumer la maîtrise, il faut que ce soit la filière, les producteurs et les industriels, qui soient en capacité de la recréer. La contractualisation est un outil qui peut nous permettre d’atteindre cet objectif de maîtrise partagé par tous les producteurs français.

N’y a-t-il pas un risque d’intégration des producteurs ? « La contractualisation n’est ni un remède miracle, ni un gros mot » dit souvent notre président Henri Brichart. Établir un contrat c’est écrire les droits et les devoirs de chacune des deux parties. Actuellement, la plupart de nos relations avec nos entreprises ne sont pas formalisées mais ce sont malgré tout des contrats et c’est ainsi, par exemple, que nous livrons notre lait sans savoir comment sera déterminé son prix. Est-ce normal ?
L’intégration,  c’est un contrat subi par le producteur. En revanche un contrat partagé, équilibré permet une relation gagnant-gagnant. Refuser de réfléchir à la contractualisation, refuser de se l’approprier c’est prendre le risque que cela se fasse sans nous, à la main des entreprises qui parlent comme nous de contractualisation mais avec une volonté souvent très différente. Un certain nombre d’entre elles ont déjà tenté d’imposer ces derniers mois des contrats qui étaient complètement inacceptables et la FNPL s’est mobilisée pour les contrer.

Comment permettre que la relation entre les producteurs et les entreprises soit équilibrée ? Pour la FNPL, l’État a cette responsabilité et doit utiliser si nécessaire la loi pour le permettre. Par ailleurs l’interprofession a un rôle important à jouer en créant un cadre collectif entre opérateurs pour ces contrats, c’est un des points essentiels de l’accord de prix du 3 juin.

L’organisation des producteurs, le prochain enjeu

Quelle place aura l’interprofession dans cette organisation globale ? Au-delà du rôle d’encadrement concernant les contrats, l’interprofession doit conserver son rôle d’éclairage des marchés pour aider à mieux calibrer les volumes en fonction des marchés. Elle doit aussi déterminer les indicateurs servant à la fixation du prix du lait.

Qui va négocier les contrats ? Il faut partir des groupements de producteurs existants, et les construire là où ils n’existent pas. Ces structures doivent rester autonomes, ce sont les responsables locaux qui convaincront le mieux leurs adhérents. Pour la FNPL, au final l’échelon pertinent sera le territoire et non l’entreprise. Ces organisations collectives devront négocier pour leurs adhérents le contenu du  contrat, c’est leur rôle prioritaire et fondamental, permettant une discussion équilibrée avec les entreprises. Elles bénéficieront pour ça du cadre interprofessionnel.

Pourquoi pas une organisation au niveau européen ? Il existe déjà une organisation européenne, le Copa, mais avec des visions très différentes de la gestion des volumes et penser que l’ensemble des producteurs européens s’engageraient à rentrer dans une structure collective est difficilement imaginable pour plusieurs raisons. D’abord par manque de structures organisées : rares sont les pays où les producteurs sont fédérés comme en France. Deuxièmement, compte tenu des visions très divergentes des producteurs sur la maîtrise des volumes. Enfin, les filières laitières sont aussi très différentes d’un pays à l’autre et n’ont donc pas les mêmes besoins de gestion concertée des volumes. Dans certains États, une seule entreprise collecte 80 % des volumes.

Quelle solution face à la crise ?

L’Association des producteurs de lait indépendants, l’Apli, organisait une réunion mardi soir à Segré, à laquelle elle attendait 2 000 producteurs. 800 personnes sont venues de tout le Grand Ouest. Créée il y a neuf mois, l’Apli revendique un prix du lait, « fixé à l’échelle européenne, de 400 euros/tonne », somme jamais atteinte mais nécessaire selon elle pour couvrir les prix de revient qui se situent autour de 300 euros/tonne. Affiliée au mouvement européen EMB (European milk board) comme l’OPL de la Coordination rurale, l’Apli prône « un changement de système au niveau européen ». Pour ça, l’association interpelle les pouvoirs publics français et européens (Commission et parlement)  et envisage comme ultime  moyen d’action, une grève du lait à l’échelle européenne. L’Apli défend l’idée que « seule une régulation des marchés sur le plan européen peut sauver tous les producteurs ». Présent à Segré, Erwin Scäppges, éleveur belge, prône « que partout en Europe on applique la pénalité au premier litre de dépassement comme chez vous en France ». Eleveur laitier dans le Segréen, Philippe Porcher fait partie des éleveurs qui a souhaité s’informer mais reste réaliste sur la politique européenne : « Nous souhaitons tous un maintien des quotas. Je pense que malheureusement la décision de l’Europe est irréversible.» L’éleveur se veut lucide :  « 400 €/ 1 000 litres, qui ne le voudrait pas, mais la crise est là... ». Par contre l’éleveur a apprécié le discours de l’éleveur belge et souhaite lui aussi que les autres États européens gèrent les pénalités comme c’est négocié par les syndicats français : « ça réduirait les volumes, sans nous pénaliser nous Français, toujours bons élèves de l’Europe ».  Mais encore une fois, il « ne rêve pas et ne croit pas à un accord européen des producteurs sur la grève du lait, pas plus que sur un retour en arrière de la politique européenne ». Une expérience de grève du lait a déjà été tentée en Allemagne, en 2008. À l’époque, elle n’avait pas entraîné une hausse du prix, mais avait « ralenti la baisse » selon l’EMB, qui cite le prix allemand à 200 € et de 180 €/ 1 000 litres en Belgique.

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