Énergies renouvelables
Un démonstrateur agrivoltaïque unique en Val de Loire
Pionnière dans le Val de Loire, une centrale agrivoltaïque expérimentale est installée depuis ce printemps au domaine Château la Varière à Brissac Loire Aubance. Elle a été inaugurée la semaine dernière.
Depuis avril, à Brissac Loire Aubance, une surface de 500 m2 de cabernet franc est équipée d'une centrale agrivoltaïque d'une puissance de 30 kWc, qui couvre environ 1/3 de la surface. Baptisé Vitivolt, ce démonstrateur a été implanté dans une parcelle du domaine Château la Varière, de la maison Ackerman, appartenant au groupe Terrena. "Il s'agit du premier démonstrateur agrivoltaïque en vigne de tout le Val de Loire, expliquait lors de son inauguration, mercredi 29 octobre, David Métivier, administrateur Terrena et président de LVVD (Loire viti vini distribution), la filiale spécialisée en viticulture de la coopérative. Avec le changement climatique, la vigne est très sensible à différents aléas, le gel, la grêle, les stress hydriques. On a besoin d'apporter des solutions aux viticulteurs. Ce modèle d'agrivoltaïsme peut protéger la vigne des aléas climatiques, permettre de diminuer l'empreinte carbone de l'exploitant en produisant de l'électricité bas carbone directement sur l'exploitation et apporter une source de diversification".
Mesurer l'impact sur le taux de sucre
À Brissac, l'énergie produite sera valorisée en autoconsommation par le domaine Château la Varière et devrait couvrir 15 % des besoins en électricité du chai.
Mais Vitivolt est aussi et surtout un programme d'expérimentation au service de la filière viticole, qui va se déployer sur 3 ans. Ce programme vise à procurer des références sur l'agrivoltaïsme en viticulture dans la région, comme l'explique Étienne Goulet, directeur régional de l'IFV, Institut français de la vigne et du vin : "sur ce projet, nous avons la charge de mesurer l'impact de l'installation agrivoltaïque sur le fonctionnement de la vigne. Nous chercherons à savoir si la vigne va débourrer plus tôt, plus tard, même chose pour la floraison. Nous mesurerons aussi l'impact sur le rendement, sur les paramètres analytiques des raisins, le sucre, l'acidité, la couleur, et jusqu'à la vinification".
Les mesures seront réalisées selon différentes modalités, puisque tous les ceps de vigne ne seront pas impactés de la même manière par l'ombrage. L'objectif de l'IFV est notamment de mesurer l'intérêt de ce dispositif d'ombrière pour diminuer l'augmentation du taux de sucre dans les vins -et donc du taux d'alcool- constatée depuis plusieurs dizaines d'années en lien avec le changement climatique. Les mesures iront jusqu'à la vinification et l'analyse sensorielle des vins.
Dans l'optique de lutter contre les aléas climatiques (gel, grêle, coups de chaud...), les effets météo seront aussi mesurés : les températures sous les panneaux seront comparées avec celles à l'extérieur, la répartition de l'eau sera étudiée.
Si c'est une première en Val de Loire, l'IFV travaille déjà sur d'autres dispositifs agrivoltaïques dans le sud de la France : "cela nous a permis d'avoir déjà des données pour aller plus vite dans la mise en place du protocole", précise Étienne Goulet. Sur le démonstrateur de Brissac, l'IVF cherche à fournir des références propres au vignoble de Loire. "Apporter de l'ombre sur une vigne de cabernet franc, en moyenne vallée de la Loire, ce n'est pas la même chose que d'en apporter sur une autre vigne, un autre cépage dans le sud".
Près de 400 000 euros d'investissement
Vitivolt est un projet porté par un consortium de partenaires et représente un budget de 384 000 euros, dont 40 % financé par la Région des Pays de la Loire. Les panneaux ont été installés par la société Altarea Energies renouvelables. Ce producteur d'énergie photovoltaïque et aménageur des territoires travaille actuellement en partenariat avec Terrena pour développer différents projets dans le Grand Ouest. Vitivolt est soutenu par le service énergie de la Chambre d'agriculture des Pays de Loire, l'ATV 49, l'Inao et Interloire.
S'appuyant sur Vitivolt, c'est ensuite la filiale viticole de Terrena, LVVD, qui fera la promotion de l'agrivoltaïsme auprès de ses adhérents : "nous amènerons les viticulteurs sur ce site, nous organiserons des bouts de champs", indique Xavier Besson, directeur vigne et développement chez LVVD.