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Fourrages bio : comment font-ils face au déficit ?

Beaucoup d'exploitations en agriculture biologique se trouvent en déficit de fourrage. Achats extérieurs, intercultures... Quelles sont les différentes stratégies d'adaptation des éleveurs ?

© AA

« Normalement, nous avons un système qui n'est pas très vulnérable, explique Joël
Pasquier, éleveur de vaches laitières bio à La Cornuaille. Grâce à plusieurs hectares de maïs irrigués, on sécurise le système. Le maïs est souvent critiqué, mais c'est quand même une bonne assurance fourrage. C'est une plante extraordinaire qui reprend facilement lorsqu'il y a un peu de pluie ! Nous essayons aussi d'adapter les espèces au changement climatique, en semant davantage de fétuque dans les prairies. »

Mais cette année est compliquée, à cause, « non seulement de la sécheresse, mais aussi du manque de minéralisation dû au printemps froid », détaille l'agriculteur. L'exploitation a 70 ha d'herbe et 10 ha de maïs ensilage, dont 5 ha irrigués. Les rendements fourragers ont été jusqu'ici en dessous des niveaux espérés. En herbe, il a été récolté ou pâturé 3,5 tonnes de matière sèche par hectare, contre 5,5 à 7 tonnes de MS/ha d'habitude. L'agriculteur espère voir arriver la pluie rapidement pour relancer la pousse de l'herbe : « il faudrait 50 à 60 mm ».


« Je vois les stocks filer »
En maïs, il déplore 50 % de perte sur la surface non irriguée. « On misait sur un stock de 110 tonnes de matière sèche de maïs, on va en avoir 60 à 70 tonnes ». Heureusement, les céréales auto-consommées (mélange triticale-féverole) ont eu un rendement plutôt bon, de 40 qx/ha. L'agriculteur a envisagé un moment d'implanter du colza fourrager en dérobée, mais y a renoncé par manque de pluie pour faire démarrer la culture. Depuis le 1er juillet, les vaches sont nourries « comme en hiver », avec une ration 50 % maïs ensilage - 50 % ensilage herbe, qui permet de maintenir la production. Pour éviter tout gaspillage de fourrage, l'exploitant fait la chasse aux animaux improductifs. Mais il s'inquiète de « voir les stocks filer » et espère pouvoir ajouter bientôt de l'herbe pâturée dans la ration.


Des coûts de production en hausse
« Il va falloir de l'eau rapidement, sans quoi cela va être très compliqué », renchérit l'éleveur du Segréen Jacques Mousseau, installé à Vern-d'Anjou. Lui aussi a subi des pertes de fourrages, avec une herbe « à 60 % d'une année normale » et un maïs (6 ha) qui devrait donner pas plus de 4 tonnes de matière sèche/ha. Les 5 ha de mélanges céréaliers ont, eux,  « globalement bien marché ».

Pour compenser la perte de fourrages, il a semé 5 ha sorgho, qui n'a pas beaucoup donné par manque de pluie. « Nous sommes en train de le distribuer aux vaches en affouragement en vert ». Il a également dû acheter de la luzerne sur pied auprès d'un agriculteur bio qui cesse l'élevage. « En bio, il est compliqué de trouver des fourrages à acheter, puisque les éleveurs qui en ont les gardent, évidemment », souligne l'agriculteur, qui est responsable de la section bio FDSEA 49 et FRSEA Pays-de-la-Loire. Il s'inquiète de la hausse de coûts de production que va engendrer cette situation.


Du colza fourrager en interculture
Eleveur de vaches allaitantes à Marigné, Sébastien Valteau joue sur plusieurs leviers pour consolider son système fourrager, sur 74 ha. « J'ai essayé d'adapter mon système pour éviter les achats », résume-t-il. Exemples ? Ce printemps, il a ensilé des céréales immatures : « comme je fais peu de maïs, et que je ne peux pas irriguer, je fais chaque année 15 à 20 ha de céréales immatures. Cela apporte un fourrage assuré d'une année sur l'autre, qui représente environ 30 % du bilan fourrager ». Cela fait partie des stratégies mises en place, avec l'implantation de luzerne et de trèfle violet également.

Cet été, comme depuis plusieurs années, l'agriculteur a implanté 5 à 6 ha de couverts de colza fourrager. Celui-ci a été semé au 15 août avant l'eau, et les 25 mm de pluie ont permis à la culture de lever. Ce colza sera pâturé à partir du 15 octobre. Une partie a été semée avec de l'avoine de printemps et sera enrubannée. Ces intercultures, mises en place après des féveroles, bénéficent du reliquat d'azote de celles-ci.
S.H.

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