Aller au contenu principal

Quel type de syndicalisme demain ?

L’assemblée générale a réuni plus de 200 participants, vendredi 7 février au Campus de Pouillé. Avec un débat central autour du collectif en agriculture et du sens du syndicalisme, s’appuyant sur une étude réalisée par des étudiants de l’Esa auprès d’agriculteurs.

Yannick Lautrou, de l’Ecole supérieure d’agricultures d’Angers, a présenté, avec un groupe d’étudiants, l’enquête qualitative qu’ils ont réalisée auprès d’agriculteurs ligériens.
Yannick Lautrou, de l’Ecole supérieure d’agricultures d’Angers, a présenté, avec un groupe d’étudiants, l’enquête qualitative qu’ils ont réalisée auprès d’agriculteurs ligériens.
© AA

Comprendre l’érosion de l’engagement dans les syndicats,  tel était le but de l’étude présentée en assemblée générale de la FDSEA de Maine-et-Loire, le 7 février. « La faible participation aux élections Chambre d’agriculture en 2019, 40 %, nous a posé question et la FDSEA a décidé de solliciter Yannick Lautrou, professeur à l’Esa et un groupe d’étudiants pour analyser l’engagement syndical », expliquait Jean-Marc Lézé, président de la FDSEA. Les étudiants sont donc allés rencontrer des agriculteurs. 59 d’entre eux, répartis sur le Maine-et-Loire, ont été enquêtés (75 % d’hommes), avec une sur-représentation volontaire de la tranche d’âge 30-50 ans et du secteur d’activité polyculture élevage. L’enquête comporte, toutefois, des limites : « 55 % des agriculteurs sélectionnés ont refusé d’y participer, regrette Yannick Lautrou. Cela nous a empêché d’approcher certains profils, notamment des agriculteurs en vente directe, qui ont invoqué le manque de temps, ou d’autres qui n’ont pas voulu répondre car l’enquête était missionnée par un syndicat ».
Suite aux entretiens, une classification des profils a été établie suivant 5 gradients d’engagement : 1, les carriéristes ; 2, les altruistes ; 3, les intéressés ; 4, les déçus ; 5, les indifférents ; 6, les opportunistes.

« Non, les agriculteurs ne sont pas désengagés »
Il ressort que « 75 % des enquêtés appartiennent aux déçus, indifférents ou passifs », a présenté un des étudiants. Mais il ne s’agit pas d’en tirer des conclusions pessimistes. « Non, les agriculteurs ne sont pas désengagés », souligne l’enquête. Ils adhèrent à 57 % à un syndicat, à 91 % à des OPA non syndicales, à 53 % à des organisations extra-professionnelles.  21 % des enquêtés ont des responsabilités syndicales. Pourquoi ne sont-ils pas davantage impliqués ? « 52 % ne perçoivent pas les actions comme efficaces et  28 % des agriculteurs interrogés n’imaginent aucun impact sur leur exploitation dans l’hypothèse où il n’y aurait plus de syndicat... »
Selon Yannick Lautrou, « il ne faut pas négliger les effets sociétaux du désengagement » :  manque de temps, invoqué par un tiers des enquêtés, brassage social, priorité importante donnée à la famille, loisirs...

Défense de la profession et prestations de services
Quel sera demain le rôle du syndicat ? Il faudra sans doute trouver une complémentarité entre, d’une part, la défense de la profession, de manière collective et individuelle, mission prioritaire du syndicat, et d’autre part, les prestations de services.  « Le syndicat n’a pas vocation à tout faire », estime Yannick Lautrou. Pour les enquêtés, la défense de la profession est citée en premier. L’aspect prestation de services ressort aussi : 64 % des enquêtés ont déjà utilisé un des services de la FDSEA, comme le service juridique, le groupement d’achat de fioul, mais aussi l’aide à la déclaration Pac, la formation, le foncier... Le syndicat a un rôle de prestation de services à assurer auprès de ses adhérents,  mais il se pose la question de son
positionnement par rapport aux autres OPA.

Paysage agricole complexe
Le syndicalisme évolue dans  un paysage d’organisations diverses : 61 % des enquêtés estiment que la défense de la profession n’est pas le fait des seuls syndicats mais aussi des groupements d’éleveurs, des associations techniques, des Cuma, des interprofessions...
Les enquêtés ont proposé des leviers d’actions pour améliorer le fonctionnement du syndicat, portant sur la formation des responsables, la diversité des productions représentées... En termes de services, ils évoquent par exemple des secrétaires administratives communes à plusieurs agriculteurs....

Nécessité des corps intermédiaires
Quelle conclusion en tirer ? « Les agriculteurs ont toujours besoin du syndicat pour la défense collective, l’état a besoin d’avoir des interlocuteurs, mais réunir un grand nombre d’adhérents reste un challenge permanent », résume Yannick Lautrou.   « La
FNSEA a une longue histoire de militants portés par l’espoir  de jours meilleurs.  Aujourd’hui, les profils d’agriculteurs sont différents, les univers plus divers, plus éclatés, les gens sont davantage connectés, observe Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, qui réaffirme la nécessité absolue des corps intermédiaires. La FDSEA 49 s’est emparée de cette étude qui nourrit sa réflexion et a décidé d’ores et déjà de simplifier son organisation interne. « Les statuts ont été toilettés, il n’y aura plus de sections, excepté pour celle des anciens exploitants », a expliqué Emmanuel Lachaize, secrétaire général de la FDSEA. « Les agriculteurs ne sont pas totalement désengagés, il ne faut pas s’apitoyer mais s’adapter et proposer un plan d’action ». Un défi pour la nouvelle équipe qui doit être élue ce vendredi 14 février.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Anjou Agricole.

Les plus lus

321 animaux maigres étaient proposés à la vente lundi 19 mai, dont 225 broutards. Chaque abattoir dispose d'une case pour rassembler les animaux achetés au marché. Antoine Giret, co-associé du négoce SAS Giret-Cailleau.
Cholet oriente les cotations
Plus grand marché pour les animaux de boucherie dans l'Ouest, le foirail de Cholet établit les cotations chaque lundi pour les…
Faire pâturer du foin sur pied aux vaches gestantes n'a pas d'impact significatif sur les performances zootechniques des animaux.
Le pâturage de foin réduit le recours à la mécanisation
Thorigné-d'Anjou a expérimenté le pâturage estival de foin sur pied. Une alternative judicieuse, à plusieurs titres : économie de…
Enzo marche dans
les pas de son père
Enzo Bianco s'est installé en mars 2023, avec son père Thomas, à Toutlemonde, au sein d'une exploitation en  viande bovine,…
Bertrand Métayer partait plusieurs fois par an en mission, comme ici au Burkina Faso.
35 ans au service
du développement
Depuis août 1990, Bertrand Métayer était animateur à l'Afdi Pays de la Loire. À l'heure de prendre sa retraite, il retrace les…
Théo Lambert, Bruno Lambert, Benjamin Fourmy et Régis Lambert ont créé un atelier de 110 place de JB dans une ancienne stabulation laitière.
Des vaches en plus et des taurillons
Avec l'installation d'un quatrième associé, le Gaec Beauchêne a redimensionné son élevage bovin allaitant, en augmentant le…
L'irrigation est interdite entre 9 h et 19 h sur le bassin versant de la Mayenne, en alerte depuis le 7 mai.
Mayenne en alerte : l'agriculteur doit arroser son blé la nuit
Le premier arrêté de restriction d'usage de l'eau est tombé début mai pour le bassin versant de la Mayenne. Avec des conséquences…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 176€/an
Liste à puce
Consulter l'édition du journal l'Anjou agricole au format papier et numérique
Accédez à tous les articles du site l'Anjou agricole
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter d'actualités
L’accès aux dossiers thématiques
Une revue Réussir spécialisée par mois