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Réflexion
Le prix, élément clé pour l’avenir de nos entreprises agricoles

Trois représentants professionnels venant d’horizons et de productions différents expriment leur point de vue à l’occasion du congrès de la FDSEA .

Jean-Pierre Fleury, producteur de bovins, secrétaire général de la FNB (Fédération nationale bovine).
Jean-Pierre Fleury, producteur de bovins, secrétaire général de la FNB (Fédération nationale bovine).
© F. d’Alteroche/Réussir


Jean-Pierre Fleury, producteur de bovins, secrétaire général de la FNB (Fédération nationale bovine).

Une contractuali-sation pour réguler le marché

Que pèse encore aujourd’hui la production bovine sur le marché ?
Jean-Pierre Fleury : Un constat s’impose : il n’y a plus aucune corrélation, en viande bovine, entre l’offre et la demande. J’en veux pour preuve l’écart qui ne cesse de croître entre le prix au producteur et celui au consommateur, alors que la production est en baisse. Il convient donc de remettre les repères à plat. C’est en ce sens que la FNB a interpellé le ministre de l’Agriculture, lors du congrès qui s’est tenu à Angers la semaine dernière. Remettons de l’ordre dans les cotations, notamment, qui ne traduisent pas la réalité du marché mais sont calées sur les besoins des industriels. Ensuite, organisons l’offre face à une distribution qui s’est regroupée et une industrie en passe de le faire.

Oui, mais comment ?
La FNB travaille depuis plusieurs mois sur un projet de contrat rénové qui permette de réguler en amont plutôt que de gérer les crises a posteriori. Ce contrat définira un prix qui tient compte des coûts de production, une durée, un volume, mais également des catégories, de manière à constituer un marché qui sera régulé dans le cadre de l’interprofession. Parallèlement, il nous faut nous assurer, auprès de la DGCCRF, de la bonne fin de la démarche. Et nous porterons ce dossier, avec les pouvoirs publics, jusqu’à Bruxelles.

Où en est l’élaboration de ce contrat ?
La FNB travaille sur le sujet avec un certain nombre de partenaires comme Coop de France ou les industriels privés. Il faudra que les 13 familles de l’interprofession se mettent d’accord, avec le soutien de la puissance publique. Mais cet accord interprofessionnel ne doit pas être prétexte, pour l’État, de se défausser et c’est à lui de veiller à l’équilibre entre les différents partenaires de la filière. Il faudra aussi une caisse de sécurisation abondée pour moitié par l’État pour faire face aux aléas.

Vous avez pu apprécier l’organisation des Pays de la Loire en matière de contractualisation bovine. Est-ce ainsi que vous concevez le futur dispositif ?
Ces contrats, conçus au niveau national, se déclineront au niveau régional. En cela, le travail réalisé en Pays de la Loire pourrait être exemplaire. Ceci dit, l’objectif final, c’est le regroupement de l’offre entre OP, au niveau d’un territoire, qu’il faut viser.

Michel Guervené, producteur de porcs à Locqueltas (56) et président de la Cecab (Centrale des coopératives agricoles bretonnes).

Des contrats basés sur la réalité économique

Comment établir un rapport de force où la production ait sa place ?
Michel Gervené : Plusieurs solutions sont envisageables pour une reprise en main de la commercialisation par la production. Plusieurs solutions en général et propres à chaque filière. Chacun a son mode de fonctionnement. Pour ce qui est de la Cecab, les trois productions sont gérées différemment. Pour la production porcine, c’est la confrontation 104 fois par an de l’offre et de la demande qui forme le prix du porc sur la base du marché du porc breton de Plérin. En production légumière, un prix contractuel est fixé entre l’industrie et l’OP avec un apport à 100 %. À noter que l’industrie et la production font partie de la même maison. Pour les poules pondeuses, c’est aussi un contrat mais pour 50 ou 70 % seulement du prix, le reste est fonction du marché. 

Y a-t-il un mode de fonctionnement meilleur que l’autre ?
Non. Et je ne pense pas que ce soit à une coopérative de fixer les systèmes. Elle doit les faire vivre parce qu’elle est avant tout une organisation économique. L’évolution des systèmes, cela relève du rôle politique. Et du syndicalisme.

Cela fixe de facto la notion de contractualisation ?
Je reste persuadé que le contrat ne peut se faire que dans le marché, même si les relations entre transformation, vente et agriculteur doivent être fixées dans le cadre d’un contrat qui respecte les contingences de chacun. Mais, selon moi, sur le prix, on ne peut pas se déconnecter du marché. 

Le rapport de force se fera également par le regroupement de l’offre ?
Dans la confrontation entre l’offre et la demande, intervient le poids des différents opérateurs. Le rôle d’une coopérative, tel que je le conçois, c’est de chercher à concentrer l’offre, par le biais de rapprochements, de fusion, quand on n’a pas le rapport de force suffisant pour peser seul dans la balance.

Quid de l’interprofession ?
C’est l’instance où tous les acteurs sont présents. C’est un espace de discussion et de rencontre propice à la mise en place de promotion générique par exemple. Selon moi, l’interprofession n’a à se substituer à rien. Et quelle que soit la bonne volonté des uns ou des autres, elle ne fera que ce que le marché
permettra.

Et le rôle des pouvoirs publics ?
Ils sont là pour fixer les règles afin de garantir la protection des maillons les plus faibles. L’intervention, la politique agricole


Thierry Merret, producteur de légumes, président de la FDSEA 29.

Le rôle renforcé des organisations de producteurs

Pourquoi la production maraîchère a-t-elle besoin d’un nouveau rapport de force ?
Thierry Merret : Au sein de la filière, la production est le maillon faible. C’est pourquoi je plaide pour que tout soit mis en œuvre afin que les producteurs de légumes ne soient pas de simples livreurs.

Comment est ce possible ?
Il faut renforcer les organisations de producteurs et accepter des OP avec transfert de propriétés. C’est là que le projet de LMA pèche parce qu’elle reporte cette disposition à 2013. Je ne veux plus d’OP bidons qui n’existent que pour toucher des aides.

OP et IP, la coexistence est possible ?
Je ne suis pas opposé à l’idée d’une interprofession. Ceci dit, on connaît les réticences bruxelloises pour cette notion typiquement française. Et on connaît aussi sa préférence pour les OP et les associations d’OP.
Je souhaite que les OP et les AOP soient l’endroit où la production puisse exercer un réel pouvoir de négociation avec les autres partenaires de la filière. Quant à l’interprofession, je vois plutôt son rôle dans la promotion et les actions collectives. Il voit voir cela en terme de complémentarité et non de rivalité.

Qui peut être OP ?
Par essence, une coopérative est une OP. À ceci près que, parfois, les agriculteurs ne s’y reconnaissent pas. Il ne faut pas perdre de vue que l’objectif premier, c’est le revenu des producteurs et cela ne passe que par le biais d’une OP.

Y compris privée ?
Pourquoi pas. C’est aux producteurs de se déterminer. L’essentiel est que ces structures adoptent les mêmes règles de discipline, à savoir notamment l’apport à 100 % et le transfert de propriété. Et ce sera à l’État de veiller à ce que ces règles soient respectées. Et il aura donc un rôle de contrôle à exercer.

Et tout cela s’inscrit dans le cadre d’une contractualisation ?
Le mot contractualisation est devenu un gros mot dans l’esprit de certains agriculteurs. Parlons plutôt de relations contractuelles équilibrées qui s’établissent dans le cadre d’un OP ou d’AOP, le syndicalisme étant à côté, en aiguillon. Le syndicalisme siège à l’interprofession et est, à mon sens, aussi fort en étant à côté. Mais je sais que tout le monde n’est pas d’accord avec cette position.

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